Tepco n'est revenu que fin juillet sur ses affirmations mensongères, selon lesquelles l'eau radioactive était stockée dans le sol. Devant l'incapacité du groupe à décontaminer sa centrale, le gouvernement japonais veut se réapproprier le cas Fukushima. Dont acte. «Sauf que l'Etat possède la totalité de Tepco, ils ne font qu'un, rappelle Yannick Rousselet, spécialiste de la question nucléaire chez Greenpeace. Quand le Premier ministre dit vouloir reprendre les choses en main, c'est uniquement de la communication.» Difficile, en effet, de croire que l'exécutif découvre aujourd'hui les tenants et aboutissants d'un dossier ouvert le 11 mars 2011, jour de la catastrophe.
«D'ailleurs, il n'y a rien de vraiment nouveau, poursuit Yannick Rousselet. On sait que l'intérieur d'au moins trois des quatre réacteurs est complètement détruit. De fait, il n'y a plus d'étanchéité, ce sont des paniers percés de partout qu'il faut arroser en permanence pour les refroidir.» Cette eau de refroidissement, contaminée, est censée être placée dans des cuves. Problème : elle prend aussi le chemin des nappes phréatiques. Et ces nappes ayant une contenance limitée, elles finissent par déborder dans la mer. Or, cette eau, chargée de césium 137, un produit radioactif issu de la fission de l'uranium, est entrée en contact direct avec la matière nucléaire, le coeur des réacteurs. On imagine sa nocivité...
Il faut une expertise internationale
Le sentiment que personne ne contrôle la situation est plus inquiétant encore. «La principale leçon, c'est que personne ne sait s'il y a une solution technique», déplore le représentant de Greenpeace France. Selon Tepco, il faudra dix ans avant d'espérer approcher les réacteurs et quarante ans pour nettoyer le site. Au moins 20 000 milliards de becquerels ont déjà fui de la centrale. A titre de comparaison, une décontamination est jugée impérative au-delà de 400 becquerels par mètre carré. Le chiffre annoncé, bien que théorique, est astronomique. D'autant que les fuites vont continuer, avec une tendance à la hausse. «La catastrophe de Fukushima n'a fait que commencer le 11 mars 2011», s'alarme Yannick Rousselet.
N'est-il pas dangereux de laisser le Japon gérer seul la situation? C'est une question essentielle. Face un problème qui semble insoluble, Greenpeace réclame depuis le début une expertise internationale et pluraliste. Le gouvernement japonais n'en veut pas, par fierté nationale. La défiance grandissante de ses citoyens vis-à-vis du nucléaire aura-t-elle raison de ses réticences ?