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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 15:01

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Tribune 29/01/2014 à 15h34
Le graphique qui démonte la « politique de l’offre » de Hollande

Léo Charles, économiste

 

 

Si les médias français ont su relever le « tournant social-démocrate » ou « social-libéral » du président français lors de ses vœux à la presse mardi 14 janvier, il est une partie de l’intervention de François Hollande qui est passée étonnamment inaperçue dans l’hexagone.

Relevée par Paul Krugman sur son blog [et par Rue89 avant lui, ndlr], la déclaration présidentielle sur l’offre créant sa propre demande n’a pas fait de grandes vagues en France. Pire, les différents « experts » économiques invités sur les plateaux télé se sont félicités de cette prise de conscience étatique.

Si la mobilisation de l’histoire de la pensée économique dans les débats actuels n’est pas sans intérêt, il est cependant nécessaire de bien faire son choix.

                                                                                                                                                                                             1 L’offre crée-t-elle sa propre demande ?

 

Ainsi, la croyance selon laquelle « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits » a été formulée pour la première fois par l’économiste Jean-Baptiste Say en 1803. Ce qui deviendra plus tard la loi des débouchées ou loi de Say a été vivement critiquée, notamment par John Maynard Keynes.

Ce dernier critique entre autres la neutralité de la monnaie chez Say (et donc l’inexistence de l’épargne) mais surtout la non prise en compte de la demande. Par conséquent, pour Keynes, l’offre ne peut être créatrice de sa propre demande car cette première dépend de cette seconde.

En effet, à travers le concept de demande effective, Keynes met en avant la nécessité pour un entrepreneur d’avoir des anticipations positives. En résumé, rien ne sert de créer, il faut pouvoir vendre.

Et la réalité économique de la France vient confirmer ce fait. Lors de son enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie, l’Insee tente d’identifier les types de difficultés rencontrées par les entreprises françaises. Basé sur les déclarations des entreprises, le constat est saisissant comme le montrent le graphique et le tableau suivants.

 


Les entreprises françaises ont plus un problème de demande (« demand ») que d’offre (« supply ») (Francesco Saraceno)

 

Fondé sur l’enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie, il présente les difficultés évoquées par les responsables des entreprises françaises. Les réponses qui évoquent un problème de demande sont en bleu ; celle qui parlent d’un problème d’offre sont en jaune (les deux : bleu foncé, aucune : rouge).

Il s’avère donc opportun, au regard du réalisme économique prôné par François Hollande, de mobiliser la conception keynésienne de l’économie plutôt que celle de Say. En effet, les entreprises françaises déclarent souffrir d’une insuffisance de la demande (sous toutes ses formes : consommation, investissement ou exportation) plutôt que des difficultés à produire. En d’autres termes, lorsque les carnets de commande sont vides, rien ne sert d’embaucher plus pour produire plus… Implacable.

                                                                                                                                                                                          2 Une relance par la demande est-elle encore possible ?

 

Alors, évidemment, les libéraux de tous bords vont derechef mobiliser les vieux arguments pour décrédibiliser cette politique économique.

Premier argument  : la relance ne peut réussir lorsque le pays est le seul à la réaliser (fuite de la demande vers d’autres pays). Nous pouvons objecter sur ce point que l’inverse est aussi vrai en ce qui concerne les politiques de l’offre : si tous les pays les mettent en place, cela ne peut marcher. En effet, l’Allemagne, érigée en modèle économique de l’Europe, instaure depuis des années une politique économique favorisant l’offre. Or, derrière la réussite économique de l’Allemagne, on oublie souvent que les excédents des uns sont les déficits des autres… Si la France et l’ensemble des partenaires européens décident de mettre en place de telles politiques, la demande risque à terme de manquer (on peut rappeler que près de 60% des exportations allemandes sont à destination de l’Union.

Second argument  : la relance par la demande creuse la dette de l’Etat. La réponse est encore une fois simplissime : on applaudit la mise sur la table de 30 milliards d’euros dans le cadre du pacte de responsabilité avec les entreprises et on refuserait un investissement similaire en faveur de la demande ? Logique.

                                                                                                                                                                                            3 La solution se trouve dans une renégociation...

... des rapports de force intra-européens et mondiaux

 

La mise en place d’une politique de la demande est certes difficile dans les conditions actuelles mais pas impossible. Il faut pour cela renégocier les rapports de force tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau mondial, quitte pour cela à taper un peu du poing sur la table.

Au niveau européen, une politique de relance par la demande, généralisée à l’ensemble des pays de l’Union aurait l’avantage d’éviter les fuites. Il faudrait pour cela imposer la vision française dans les négociations économiques. A ceux qui craignent une possible sortie de l’UE, qu’ils soient rassurés.

L’Allemagne est la première à utiliser ces « méthodes » de négociation et face à l’importance des pays européens pour la santé de l’économie allemande, il serait étonnant qu’elle entame un rapport de force avec l’Union européenne.

Au niveau international, il est temps pour l’UE de cesser d’être le « bon élève du libéralisme mondial ». A l’instar de la majorité des pays, Etats-Unis en tête, on peut imaginer introduire une dose de protectionnisme dans la politique économique européenne. Attention, une dose, n’est pas et ne sera jamais, une fermeture de nos frontières, comme le propose le Front national. On peut par exemple s’inspirer du « Buy American Act » qui depuis 1933 incite les entreprises américaines à préférer les produits nationaux lors de commandes publiques. On peut aussi simplement inciter les consommateurs européens (entreprises et ménages), en contrepartie de certains avantages (réduction d’impôts pour les entreprises réalisant des investissements productifs, baisse de la TVA sur les produits respectant certaines normes sociales ou environnementales), à favoriser le local – européen ou français – dans le but de relancer l’économie.

La mise en place de ce pacte de responsabilité avec les consommateurs de toutes sortes, associée à une renégociation des rapports de force, pourrait permettre à la France ainsi qu’à l’Union européenne de se relever de la crise.

Comme le dit si bien Paul Krugman, « les seuls obstacles structurels importants à la prospérité du monde sont les doctrines obsolètes qui encombrent l’esprit des hommes ». Dommage que le président français en soit resté à des « lois » économiques depuis longtemps dépassées.

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 


 

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