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Ils ne se font guère d’illusion. Même si le groupe PSA reste silencieux et n’affiche pas publiquement ses intentions : Aulnay est condamné à brève échéance. Les syndicats du site comme les élus de la Seine-Saint-Denis, mobilisés sur ce dossier emblématique pour le département depuis plus d’un an, redoutent que l’annonce officielle de la fermeture progressive du site d’ici à 2014 ne se fasse à la fin juillet, au moment du départ en congés.
Même si la crise et l’effondrement des ventes automobiles depuis plus de sept mois sont mis en avant pour justifier la fermeture de l’usine, le cas Aulnay est en fait tranché depuis le début de 2010. À l’époque, le constructeur automobile avait engagé une grande réflexion stratégique sur ses sites de production, les modèles produits, ce qu’il convenait de renforcer et ce qu’il convenait d’abandonner. Mediapart avait eu accès à ces documents en juin 2011 et avait publié une toute petite partie de ces réflexions stratégiques, utilisées par la suite par la CGT. Dans ces documents, le sort d’Aulnay était clairement arrêté. Le site fermerait avec l’extinction de la C3, un modèle de milieu de gamme, qui ne correspond plus aux débouchés du marché automobile, attiré désormais par les extrêmes : soit les modèles à très bas prix, soit les voitures à prix très élevé. Dans un contexte de surcapacité en Europe, Aulnay était le site le plus facile à fermer.
Un calendrier précis avait été élaboré par la direction de PSA pour gérer la fermeture du site. Le groupe automobile n’a jamais contesté l’authenticité du document que nous avions publié. Et depuis, tout ce qui y avait été noté est scrupuleusement respecté, comme le soulignent les syndicats du site.
Sachant combien la fermeture d’un site automobile en France a une portée symbolique – aucune usine automobile n’a été fermée depuis celle de Renault à Boulogne Billancourt en 1992 –, la direction de PSA avait décidé que rien ne devait être officiellement annoncé avant l’élection présidentielle. Selon des membres du gouvernement, le gouvernement sortant serait intervenu pour demander au constructeur de bien différer toute annonce après la présidentielle.
Michel Sapin, ministre du travail, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Matignon ont donc hérité du dossier dès leur arrivée. Les réunions tripartites s’enchaînent avec la direction et les syndicats, sans qu’il se dégage de ligne claire pour la suite. Les ministres doivent apprendre à travailler ensemble. Surtout, personne ne sait quoi faire pour la suite. Quelle reconversion envisagée pour les 3 000 salariés, pour le site ?
Certains se prennent à rêver de l’exemple de Bosch, qui a su reconvertir une de ses anciennes usines d’équipements automobiles dans la région lyonnaise en fabricant des panneaux photovoltaïques. Mais PSA, très affaibli par la récession du marché automobile, a-t-il les moyens ou la volonté de suivre cette voie ou d’aider à sa réalisation ? Parmi tous les arguments pour fermer le site d’Aulnay, y figurait celui de la valeur du terrain du site industriel, situé entre Paris et Roissy et donc très convoité. Le groupe avait estimé son prix à 306 millions d’euros.
Nous republions ici l’article sur les documents secrets de PSA sur la fermeture d’Aulnay et notre reportage après l’annonce. Malheureusement, peu de choses ont bougé depuis leur parution :
PSA : les documents qui liquident Aulnay
Fermer l'usine de PSA d'Aulnay : « une catastrophe sociale »