Le gouvernement de droite espagnol a retiré son projet de loi très controversé sur l’avortement, a annoncé mardi le chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui avait fait de cette réforme l’une de ses grandes promesses électorales.
Ce projet, modifiant la précédente loi adoptée en 2010 par le gouvernement socialiste, réduit considérablement le droit à avorter en Espagne, y compris dans les cas de malformations du fœtus.
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«Le gouvernement a fait le plus d’efforts possibles pour tenter de parvenir au meilleur consensus possible», a déclaré Mariano Rajoy devant des journalistes.
«Nous allons continuer à étudier des formules permettant de parvenir à un meilleur accord sur la réforme. Mais en ce moment, je crois avoir pris la décision la plus sensée», a ajouté le chef du gouvernement.
Le gouvernement Rajoy avait adopté en décembre ce projet, qui n’autorise l’avortement qu’en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol, mais exclut les cas de malformation du foetus comme motif valable.
La loi, qui a soulevé une levée de boucliers à gauche mais a suscité aussi de fortes résistances jusqu’au sein du Parti populaire de Mariano Rajoy, n’avait toujours pas été présentée au Parlement, où les conservateurs pourtant disposent de la majorité absolue.
«C’est une loi compliquée, sensible socialement», avait reconnu vendredi la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. «Le gouvernement veut travailler pour atteindre le consensus le plus large possible», avait-elle ajouté. La loi actuelle autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes.
De plus, en fin d'après-midi mardi, le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz Gallardon, a annoncé sa démission après le retrait du projet de loi. «La décision que j’ai prise n’est pas seulement d’abandonner le ministère de la Justice, mais aussi d’abandonner la politique au bout de 30 ans», a déclaré le ministre à la presse, reconnaissant qu’il «n’avait pas été capable» de porter jusque devant le Parlement le texte de loi controversé.