Certains commençaient à en douter, d’autres le voyaient remis à plus tard ou aux calendes grecques, d’autres encore en attendaient une mouture petit-bras. Eh bien non ! Le Conseil de l’Europe a tenu bon et a convaincu ses partenaires.
Qu’on se le dise : Le Forum Mondial de la Démocratie aura bien lieu à Strasbourg du 5 au 11 octobre 2012.
A l’horizon se profile, pour l’événement, une récurrence, une notoriété et une aura comparables à Davos ou Porto Alegre. Avec des objectifs et un fonctionnement bien différents évidemment. Et il y aura du beau monde et même, au moins un roi (Abdullah II de Jordanie), comme dans « la marche des rois » de l’Arlésienne de Bizet. « De bon matin, j’ai rencontré le train de trois grands rois qui…. », des présidents aussi, y compris François Hollande bien sûr, le secrétaire général de l’ONU, des ministres, des savants ou experts de toutes disciplines, des artistes…
Rien de totalement définitif pour ce qui concerne le programme et les intervenants dont la liste est longue et comporte des noms très prestigieux. Cela ne peut que s’enrichir, nous dit-on.

Doit-on le nommer ainsi désormais ? WFD ? Why not, pourquoi pas ? On a bien dit « mondial ». La version en français existe bien sûr mais le forum déborde forcément de l’hexagone et loin, loin. Et puis il y aura les traductions (les deux langues officielles du Conseil étant le français et l’anglais).
Les puissances invitantes
Elles sont représentées par :
Thorbjoern Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe
Laurent Dominati, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe
Roland Ries, Sénateur-Maire de Strasbourg
Philippe Richert, président du Conseil Général d’Alsace
Guy-Dominique Kennel, président du Conseil Général du Bas-Rhin.
Ce sont là les chefs des institutions qui participent au financement de cette grande fête studieuse, sans clivage, fort « démocratiquement » pour la circonstance. D’ailleurs, vraisemblablement cet aspect financier a-t-il obéré quelque temps la mise en route déterminée et efficace du projet.
Période électorale ! En Alsace pourtant les oppositions sont loin d’être féroces.
En effet, la période électorale qu’on vient de vivre, et dans laquelle l’Alsace ne montre pas une grande homogénéité politique, explique grandement les atermoiements, les réserves, les hésitations prudentes. En cause, surtout, le fameux contrat triennal avec l’Etat dont bénéficient, sous forme de dotations substantielles, les collectivités territoriales et surtout la Ville pour leur rôle européen. Pour 2012-2015, il était en suspens, bien que promis fermement « dans l’alternance » possible. M. Laurent Dominati a dû « tamponner » habilement entre le Conseil et les autres partenaires ! L’Etat français respecterait son engagement certes mais quand ? combien ? selon l’élu puis les élus ?
Laissons cela pour une analyse prochaine.
Le fond est plus important que le fonds pour l’existence même de ce forum. La cause est belle et recueille le consensus.
Sa réussite peut en outre changer la donne la prochaine fois, car cette ambition est affirmée, en mobilisant peut-être des contributions privées de grandes firmes mondiales, en mécénat. Elles aussi sont confrontées aux problèmes des réalités politiques dans les pays où elles sont installées.
La démocratie à l’épreuve. Entre modèles anciens et réalités nouvelles
Sous ce titre bien trouvé car il ne s’agit pas de faire une apologie béate de la démocratie idéale, sont regroupés les thèmes les plus divers qui s’articulent autour des « valeurs universelles, les défis globaux et les réalités régionales » dont voici un aperçu :
- Les marchés ont-ils besoin de la démocratie et réciproquement ? En session plénière.
- Quelle démocratie après les printemps arabes ?
- Démocratie : valeur universelle ?
- Valeurs virtuelles et nouveaux réseaux sociaux
- Un modèle pour tous ? Démocratie et mondialisation
Après chaque table ronde où siègent près d’une dizaine d’intervenants, a lieu un débat avec les participants. On en tire ensuite les conclusions, compte rendu final en quelque sorte.
Des ateliers parallèles se tiennent sur les principaux axes du forum. Par exemple, sur le thème de « démocratie : valeur universelle » s’articuleront deux grandes questions : sphère publique/sphère privée et donc, le religieux dans l’espace public démocratique.
Ou encore la question « du vivre ensemble » en présence d’identités multiples.
Si on y ajoute qu’en soirée, dans divers lieux de la ville de Strasbourg et des environs, des personnalités participant au Forum animeront des débats publics, « Strasbourg sera une fête », en plagiant Hemingway.
En préambule, dès le vendredi 5 aura lieu, au Palais, l’Assemblée des Jeunes : 150 jeunes débattront des nouvelles formes de participation. Cela promet.
On pourra peut-être regretter que la société civile, à travers les associations, ne soit pas plus impliquée et mise à contribution. Ne peut on imaginer que, pour la circonstance, les boulangers cuisent un pain spécial-forum, que les restaurateurs proposent un menu spécial-forum, que des orchestres donnent un concert spécial-forum et bien d’autres « spécial-forum » ? Les associations sont bien vivantes et productives en Alsace et chez les voisins allemands mais le temps est compté. Mais là ce n’est pas du ressort du Conseil.
Trois mois grignotés par les vacances, c’est peu.
Antoine Spohr
commenter cet article …