Nicolas Beau - Marianne
L'enquête avait été proprement enterrée à l'époque par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, proche de Sarkozy. Mais sa nomination, la semaine dernière, comme avocat général à la Cour d'appel devrait très prochainement entraîner la nomination d'un successeur, probablement marqué à gauche. De bonne source à la Chancellerie, le nom de Robert Gelli, procureur à Nimes, est avancé. Rien n'empêchera ce dernier s'il est nommé de rouvrir la procédure si des éléments nouveaux sont portés à sa connaissance. Or de tels éléments existent, comme nous allons le voir.
Pas de prescription en matière de recel d'ABS
«Il suffirait d'une nouvelle pièce au dossier, explique un magistrat de Nanterre, pour qu'un nouveau Procureur ouvre le dossier. Il n'existe pas de prescrition en matière de recel d'ABS». Or cette pièce existe. La justice pourrait la trouver, par exemple, dans les révélations faites par le site Mediapart sur les conditions de financement de l'achat de l'appartement de Neuilly. Interrogé sur son acquisition, Sarkozy avait déclaré qu'il avait obtenu un prêt de trois millions de l'Assemblée Nationale. Or son président d'alors, Bernard Accoyer, avait reconnu que de tels prêts ne pouvaient pas dépasser, compléments familiaux inclus, la somme de 1,7 million de francs. Un pieux mensonge donc de l'ancien locataire de l'Elysée !
Cette brèche pourrait se révéler bien gênante pour l'ex-maire de Neuilly. Si une enquête préliminaire est décidée sous les ordres d'un nouveau procureur, Nicolas Sarkozy devra être convoqué et sera invité à ouvrir ses livres de compte.