Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Par Samir ABI, ATTAC TOGO
Les négociations en France entre les Parti Socialiste et Europe
Ecologie Les Verts ont marqué l’actualité de ces dernières semaines. Entre
d’une part la volonté des verts de s’aligner sur l’Allemagne, la Belgique et
d’autres pays d’Europe qui programment une sortie du nucléaire entre 2025 et
2050 et d’autre part les socialistes qui sous la pression d’AREVA et du lobby
nucléaire français reviennent sur un projet contre lequel ils s’étaient opposés
quelques années auparavant, l’Afrique semble la grande oubliée de ce débat. Il
n’est de secret pour personne que l’industrie nucléaire française repose sur un
socle : l’exploitation de l’uranium à bas coût en Afrique. Et derrière le débat sur la construction de
centrales nucléaires de nouvelle génération se trouve le débat sur la poursuite
du néocolonialisme français en Afrique au profit de son industrie nucléaire. Depuis
2001, la France a arrêté toute exploitation des mines d’uranium sur son sol.
Au-delà de la faible teneur de l’uranium français, la raison de cette
orientation était le coût quasi gratuit
de l’approvisionnement en uranium en Afrique notamment au Niger.
Un des grands pays et des plus pauvres de la planète, le Niger fait
partie de ce pré carré sur lequel la France veille au grain. En effet,
l’indépendance énergétique et la politique d’armement nucléaire de la France
reposent sur cet Etat depuis que l’uranium y a été découvert peu avant son indépendance.
Le Niger apparaît comme l’exemple parfait de l’échec de la décolonisation en Afrique
francophone. A l’issue des luttes des peuples africains pour accéder à
l’indépendance, le Niger se voit octroyer son indépendance en août 1960 par le
colonisateur français. La France lui
impose de même son premier président Hamani Diori. Celui-ci, après une dizaine
d’année au pouvoir, se rendant compte du pillage des ressources nigériennes
d’uranium essai de renégocier le prix d’achat de l’uranium et le contrat d’exclusivité qui le
lie à la France. En effet par un accord de défense arraché par la France au
moment de l’indépendance, le Niger, le Gabon ainsi que d’autres anciennes
colonies françaises concédaient, à l’ancienne métropole, l’exclusivité de l’exploitation
des ressources dont ils disposaient et qui étaient jugées stratégique par la
France. L’uranium était une des ressources à laquelle la France exigeait un
accès exclusif et sécurisé dans un contexte de guerre froide marqué par la
course à l’armement nucléaire et l’émergence de l’énergie nucléaire. En contre partie de l’exploitation de ce
minerai, la France offrait à l’Etat
nigérien un prix inférieur au prix mondial de l’uranium. Le renforcement de
l’élite nigérienne après l’indépendance va voir émerger les premières
revendications d’une renégociation du contrat sur l’uranium. Mal en fut à Hamani
Diori de vouloir une révision du prix d’achat de l’Uranium, il fut délogé par
un coup d’Etat et remplacé par le Lieutenant Colonel Seyni Kountché. Cinquante ans
après son indépendance, l’histoire du Niger reste toujours rattachée à sa
politique uranifère avec la France. Sous couvert de l’accord passé avec AREVA
pour l’exploitation du gisement d’uranium Imouraren, un des plus grands gisements
d’uranium au Monde, et jouant sur l’épouvantail chinois, l’ancien président nigérien
Mamadou Tandja a failli basculer le Niger dans une dictature. Il a fallu la
mobilisation de la société civile nigérienne et un coup d’Etat pour le
rétablissement de l’ordre constitutionnel. Des avancées sont certes à constater
dans la nouvelle constitution nigérienne en ce qui concerne le droit au développement
des régions où sont exploitées l’uranium. Mais le Niger reste plus que jamais
une colonie de la transnationale française AREVA, dont le nouveau président
nigérien, Mahamadou Issoufou, est un ancien cadre. Le début de l’exploitation du
pétrole nigérien est également un des nouveaux sujets qui vient s’ajouter aux inquiétudes
sur la préservation de la souveraineté de ce pays.
Menacée par l’éveil de la société civile nigérienne, la concurrence
chinoise et les nombreuses rebellions Touareg
qui fragilisaient l’exploitation des gisements nigériens, et dans le souci de
maintenir les intérêts colossaux de l’industrie nucléaire française, AREVA va
diversifier ces dernières années ses sources d’approvisionnement en Afrique.
Avec l’aide de Nicolas Sarkozy, devenu premier représentant de l’industrie du
nucléaire français à l’étranger, AREVA a signé des contrats en République Démocratique
du Congo et en Namibie assurant à jamais l’uranium pour les centrales
nucléaires françaises. Dans un tel contexte la question qui demeure reste celle
de savoir si la France peut réellement se vanter d’une indépendance
énergétique ? 2012 donnera l’occasion aux français de se prononcer sur le
sujet et de contribuer à la fin du pillage des ressources d’uranium et de la
dégradation environnementale qui s’en suit dans une Afrique où le désir de souveraineté
des peuples sur leur ressource se réaffirme plus que jamais.