Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
La « fiscal cliff » a envahi le débat américain, alimentant incompréhension et peurs. Cette expression imagée (« falaise fiscale ») renvoie à la conjonction, le 31 décembre 2012 à minuit, d’une augmentation des impôts programmée et d’une réduction des dépenses publiques elle aussi « automatique ». Ce double choc sur la demande risque de pousser l’économie vers la récession. Comment éviter la chute ?
Les journalistes, les experts, s’arrachent les cheveux pour l’expliquer.
Paddy Hirsch, de Market Place, dessine sur un tableau [attention « spoiler »] une voiture fonçant vers une falaise, avec deux femmes à l’intérieur : la mythique scène finale du film « Thelma et Louise », de Ridley Scott (1991).
La seconde, Louise, risque de perdre son boulot. Lors de la négociation, avec le Congrès il y a un an, d’un nouveau relèvement du plafond autorisé pour la dette publique, l’administration Obama s’était engagée, en échange, à couper massivement dans les dépenses publiques, à compter de la fin de l’année 2012. Le Département de la défense fait partie des administrations les plus concernées par ces coupes « automatiques ». Pour Louise, une grosse perte de pouvoir d’achat se profile donc.
L’autre femme, Thelma, va aussi voir son pouvoir d’achat chuter, car les cadeaux fiscaux de Bush, dont elle bénéficiait, arrivent à expiration.
Les deux femmes, comme des millions d’Américains, vont donc brutalement moins consommer. Et la voiture, dans laquelle les deux femmes roulent, c’est l’économie américaine. La falaise approche. Vous saisissez l’image ?
Market Place, (en anglais)
Evidemment, l’accident aura lieu si le calendrier de cette rigueur programmée est suivi. D’où le débat qui fait rage : ne faut-il pas repousser la fin des cadeaux fiscaux de Bush ? Des cadeaux qui profitent principalement aux riches... D’où l’autre présentation de la fiscal cliff, celle des Simpsons.
C’est une façon plus politique de voir l’affaire. Dans ce clip, on entre dans le quartier général du parti républicain de Springfield, la ville des Simpsons. Déprimé, Mr Burns (le propriétaire de la centrale nucléaire de la ville) a la confirmation que Mitt Romney a bien perdu l’élection présidentielle. « Il est temps que j’explique à ces braves gens ce qu’est la fiscal cliff », assène-t-il dans une atmosphère soudain dramatique.
Animation on FOX, (en anglais)
On comprend tout de suite mieux les enjeux du débat américain, non ?
Si le Congrès ne change rien, le choc risque d’être très rude pour l’économie américaine.
La hausse des impôts et la baisse des dépenses permettront certes de réduire le déficit de moitié – d’environ 560 milliards de dollars, selon les calculs de Congressional Budget Office (CBO). Mais cette austérité se traduirait par un choc sur la conjoncture de 4 points de PIB en 2013 (et donc par une récession) et la perte de 2 millions d’emplois.
Dans le contexte actuel, une économie convalescence et un taux de chômage de 7,7%, ce n’est pas un remède très indiqué.
Une bombe à retardement, tant qu’elle n’explose pas, n’est pas bien méchante. Et elle peut être désamorcée. La Chambre des représentants (à majorité républicaine) et le Sénat (à majorité démocrate) ont trois possibilités :
Ces solutions ont un inconvénient : la hausse du déficit budgétaire et l’accroissement de la dette publique. Ce qui placerait les Etats-Unis sur le chemin chaotique pris par les pays de l’Union européenne, qui se débattent dans leurs problèmes de « dette souveraine ».
Les deux partis souhaitent éviter la falaise, bien sûr. Mais avec des approches différentes :
Selon le CBO, il est encore possible d’éviter la catastrophe, mais pas la croissance molle. A trois semaine du choc prévisible, l’affaire se règle derrière des portes capitonnées, directement entre le président républicain de la Chambre John Boehner et le président Barack Obama,