Pire, ces chiffres ne sont que des moyennes qui camouflent une partie de cette horrible réalité. Plus de 20% des jeunes (et sans doute 30% si on considère le chiffre élargi) ne trouvent pas d’activité, un bien mauvais tour que joue notre société à ses forces vives, pour qui l’entrée sur le marché du travail est extrêmement difficile. Pire, comme le rappelle souvent Nicolas Dupont-Aignan, ce taux de chômage dépasse 40% pour les jeunes hommes dans les quartiers.
Malheureusement, une telle évolution était prévisible. Faisant de l’euro une fin en soi, les dirigeants européens appliquent des politiques délétères d’austérité pour essayer de sauver cette construction baroque et artificielle, comme il y a vingt ans, le gouvernement socialiste défendait son franc cher, quitte à envoyer un million de Français au chômage dans l’opération. Pire, en France, nous ne sommes qu’au début de ce cycle mortifère de plans d’austérité.
Il y a un peu plus de deux ans, Paul Krugman critiquait les politiques d’austérité qui commençaient à se mettre en place en évoquant la politique du président Hoover de 1929 à 1932. Malheureusement, il a eu raison. Ce dont nos économies ont besoin, c’est de relancer la croissance pour relancer la création d’emplois, en ayant des monnaies adaptées aux réalités nationales, une industrie protégée et une finance remise au service de l’intérêt général.
Car le chômage est bien le premier des maux de nos sociétés. Comment permettre l’intégration des citoyens sans emploi ? Comment financer notre protection sociale avec autant de personnes au chômage ? Comment espérer réduire l’insécurité et la violence si une part croissante de la population ne peut pas trouver de travail pour s’intégrer ? Même si le chômage n’explique, ni ne justifie pas tout, il est un facteur structurant du malaise de notre société.
Oui, Philippe Séguin avait raison de dénoncer le « Munich social » de nos dirigeants politiques il y a près de vingt ans. Le problème est que son discours n’a pas pris une ride et s’applique malheureusement toujours aussi bien à la situation actuelle.
Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.