Or un grand nombre de nos difficultés actuelles, et parmi les plus importantes, proviennent en réalité d’un coût du capital trop élevé. C’est ce que les économistes atterrés souhaitent présenter et mettre en discussion dans cette conférence débat. Il s’agit de faire voir, d’une manière actualisée, les conséquences néfastes de l’élévation du coût du capital dans l’ère du capitalisme financiarisé, tant sur les plans microéconomique que macroéconomique. Conséquences sur l’emploi, les inégalités de revenus, la pauvreté, le développement des entreprises…
Le capital a certes toujours un coût. Ce coût, c’est l’effort collectif qu’il faut fournir pour fabriquer les biens d’équipement neufs destinés à renouveler ou augmenter le stock de capital productif (les moyens de production des entreprises). A ce coût, il est permis d’ajouter le risque entrepreneurial ou marchand, ainsi que le coût de fonctionnement des canaux de financement. Mais au-delà de ce coût économique ou coût réel, l’acquisition des biens capitaux par les entreprises se « surcharge » d’un coût financier déterminé par les modalités d’approvisionnement des entreprises en capitaux liquides nécessaires au financement de ces acquisitions. Ce coût est formé des revenus prélevés sur l’entreprise – intérêts et dividendes – qui n’ont, en dehors du risque entrepreneurial et du coût d’administration des placements, aucune justification économique. Il s’agit donc plutôt d’un surcoût.
Or, ce surcoût a fortement augmenté depuis le tournant des années 80, pour atteindre des niveaux sans doute insoupçonnés : le coût réel du capital est majoré, selon les hypothèses retenues dans une étude réalisée par le Clersé, de 50 à 70 %. Pour l’année 2011, le surcoût du capital se serait ainsi établi entre 94,7 et 132,7 milliards d’euros…
Les effets de cette élévation du surcoût du capital sont aujourd’hui bien connus. On observe, évidemment, une augmentation du prélèvement financier (intérêts et dividendes) sur la richesse produite par les entreprises. Cette ponction vient diminuer à due concurrence les revenus perçus par les autres parties prenantes, au premier rang desquelles les salariés. Mais l’effet le plus massif de l’élévation de la rente financière va sans doute bien au-delà de son impact sur la répartition fonctionnelle des revenus. Il réside dans l’élévation de la norme de rendement financier imposée aux entreprises, laquelle réduit de manière directe les opportunités d’investissement (les projets d’entreprise) susceptibles de souscrire à cette norme. L’élévation des exigences actionnariales, en élevant le coût du capital, corsette l’accumulation du capital et contraint les économies anciennement industrialisées, en manque de nouveaux Eldorados, à un régime dépressionnaire.
Le coût du capital
entre :
- Laurent CORDONNIER, chercheur au CLERSÉ (Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques), maître de conférences à l’université Lille1 et chargé de cours à Sciences Po Lille (voir sa présentation sur atterres.org.).
- Xavier RAGOT, chercheur au CNRS-PSE, ancien conseiller économique du Ministre du redressement productif.
Elle sera animée par Philippe ASKENAZY, directeur de recherche au CNRS, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris.
Jeudi 3 octobre 2013,
de 19h30 à 21h45,
à la Maison des Sciences Economiques
Salle 114
106-112, boulevard de l’Hôpital, 75014 Paris
Métro Campo Formio.
(entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles)
Cette initiative est soutenue par Marianne.net
D’ici là, retrouvez nos analyses et positions sur le sujet dans les chroniques et articles de notre site http://atterres.org
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