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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 18:22

 

Source : www.reporterre.net

 

Le bois de teck "durable" au Panama : profit durable, forêt détruite

Cécile Raimbeau (Reporterre)

vendredi 4 avril 2014

 

 

 

Les forêts de teck au Panama sont les placements financiers à la mode. Les promoteurs des investissements « verts ». Mais derrière leur façade écolo, ces sociétés commerciales réalisent de juteux profits au détriment de la forêt naturelle et des Indiens.


- Darien (Panama), Reportage

Le véhicule tout terrain que conduit Elivardo Membache cahote sur une piste entre des plantations de tecks. « Ces petits arbres ont environ deux ans. En face, les plus grands ont dans les cinq ans », fait-il remarquer, main droite sur le volant, main gauche pointant le paysage par la vitre baissée. « Par là-bas, vivaient treize familles de colons latinos qui avaient envahi nos terres collectives », dit-il en se garant devant une petite école rurale isolée entre ces étendues de jeunes plantations.

« Après des années de conflit, le gouvernement nous a amenés à négocier et à leur lâcher cinq cents hectares, nous promettant d’enfin régulariser les terres qui nous restaient. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas de titre pour notre territoire et ces colons ont vendu ces terres à cette entreprise de reforestation », expose-t-il, énervé par le mécanisme de cette duperie qui se reproduit d’année en année.

M. Membache est le cacique des indiens Emberás du Darién, une région de l’est du Panama connue pour sa riche biodiversité et frontalière avec la Colombie. Il habite la communauté d’Arimae où vivent sept cents Amérindiens de son ethnie. Depuis le début des années 1970, ils ont vu leur territoire se rétrécir inexorablement, passant de 72 000 à 8 572 hectares.

« C’est toujours le même processus : les colons ouvrent une piste à partir de la route panaméricaine. Ils défrichent, plantent des bananiers et du manioc, et construisent une maison. Le gouvernement reconnaît alors qu’ils travaillent la terre et leur octroie un titre. Puis, ils vendent à un grand éleveur ou à une entreprise et s’en vont défricher plus loin pour recommencer. Tout cela finit en pâturages pour des vaches, voire en plantations de tecks ». La petite école qui avait été construite pour ces familles de paysans est aujourd’hui presque uniquement fréquentée par des enfants Emberás.

Au Panama, les premières expériences de plantation de tecks datent du début du XXeme siècle. Mais cet arbre natif de l’Asie s’est surtout développé à partir de 1992. Cette année-là, en effet, une loi a encouragé la reforestation en proposant avantages fiscaux et exonérations d’impôts sur les bénéfices aux investisseurs. Non seulement les étrangers ont pu bénéficier de ces mesures, mais on leur a aussi accordé un visa de séjour permanent dans ce paradis fiscal notoire.

Résultat : « Des avocats se sont mis à acheter des hectares de pâturages pour les reboiser et les revendre à des hommes d’affaires étrangers sous forme d’actions ou de parcelles d’un hectare », constate Eduardo Esquivel, un consultant en agroforesterie critique de ces mesures incitatives plus économiques qu’écologiques. Le cadastre forestier du Panama est révélateur : des milliers d’hectares de forêts ont été récemment vendus en mini parcelles à des nouveaux propriétaires dont les noms ont des consonances exotiques.

Si le Panama est l’un des rares pays au monde où des investisseurs étrangers peuvent devenir propriétaires fonciers sans aucune restriction, ce n’est pas tant l’accaparement de terres forestières qui a déclenché un débat que l’évasion fiscale que cette loi a générée : de riches Panaméens plus avides de défiscaliser que de reboiser ont abusé de la législation en se faisant construire des résidences secondaires défiscalisées et en achetant de luxueux véhicules tout terrain détaxés sous prétexte d’avoir planter quelques arbres.

Depuis la révision de cette loi en 2005 pour limiter les abus, les acteurs de la reforestation sont surtout des entreprises internationales ayant des intérêts sur le marché de l’export. Une trentaine de ces entreprises exercent le principal de l’activité en plantant essentiellement du teck. Cette espèce exotique représente plus de 75 % des arbres qui ont été replantés dans le pays.

Un « développement durable » des bénéfices

D’abord, le teck pousse bien plus vite que la plupart des espèces natives. D’autre part, son bois esthétique et solide est très prisé sur le marché international. Produit rentable à connotation « développement durable », la forêt de teck est devenue une valeur refuge.

Des sociétés financières européennes proposent ainsi aux entreprises voulant verdir leur image ou aux citoyens consciencieux de compenser volontairement leurs émissions de gaz à effet de serre de placer leur argent dans ce type de forêt. Les formules proposées sont multiples. On peut mettre ses économies sur un « livret arbres », acheter une forêt entière ou seulement un hectare, voire un seul arbre.

Quel que soit le produit choisi, les gains promis sont attrayants : de 7 à 14 % d’intérêt annuel pendant vingt ans. Mais les publicités et les sites Internet habillés d’un vert écolo taisent les effets pervers du business.

Si toutes ces sociétés de reforestation jurent de ne planter que sur des pâturages anciens, « leurs prospections de terres à replanter fait augmenter le prix de l’hectare et avancer la frontière agricole, dénonce le cacique Membache. Un hectare dans le Darién se vend maintenant plus de 5 000 dollars. Par ici, c’est une fortune ! »

« Nous sommes conscients du risque que certains propriétaires de pâturages défrichent plus loin après la vente de leur terrain », avoue Petra Kollmannsberger, directrice de Forest Finance au Panama, l’une de ces entreprises qui démarchent le marché français. « Mais nous n’avons pas d’autre solution. Travailler avec des communautés sur leurs terres est difficile, car nous avons besoin d’une garantie sur vingt-cinq ans. Et posséder le terrain est important pour la sécurité du projet et la confiance des investisseurs ».

Mme Kollmannsberger est aussi secrétaire de l’ANARAP, l’Association des replanteurs du Panama qui regroupe les principales enseignes impliquées dans le secteur. En s’appuyant sur une étude de l’agence étas-unienne USAID, ce lobby réclame de nouvelles incitations à la « reforestation ». La création d’emplois et la multiplication indispensable de puits de carbone sont les principaux arguments qu’ils avancent.

« Les employés reçoivent un salaire respectueux de la législation du travail », « les emplois apportés maintiennent les familles dans leurs villages freinant l’exode rural », certifient la plupart de leurs chartes de conduite, même si, à l’instar de Forest Finance, plusieurs de ces entreprises sous-traitent leur main d’oeuvre, notamment à la société canadienne BARCA.

« Leur camion vient nous chercher à 5 heures du matin et nous ramène au village à 4 heures du soir, témoigne une jeune mère Emberá employée par cette société...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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