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12 décembre 2014 5 12 /12 /décembre /2014 18:42

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

A défaut d'y trouver l'asile, Edward Snowden s'exprime en France

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

L'ex-employé de la NSA, toujours en exil en Russie où il estime être «en sécurité», s'est pour la première fois exprimé, par visioconférence, devant un public français mercredi. Malgré les multiples appels et pétitions, aucun pays européen n’est prêt à l'accueillir.

« J’aimerais rentrer aux États-Unis. C’est chez moi. » Réfugié en Russie depuis maintenant un an et demi, Edward Snowden ne désespère toujours pas de pouvoir quitter son exil et de retourner dans son pays, où il est pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « espionnage, vol et violation d’une propriété de l’État ».

L’ex-employé de la NSA, à l’origine des révélations sur le système de surveillance mondial mis en place par les États-Unis, s’exprimait pour la première fois, par visioconférence, devant un public français réuni à la Gaîté lyrique à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, un événement baptisé « 10 jours pour signer » et organisé par Amnesty International en partenariat avec Mediapart, Le Monde et Arte.

Il est tout d’abord revenu sur la publication, la veille, du rapport du Sénat américain sur la pratique de la torture par la CIA après le 11 septembre 2001 pour établir un parallèle avec son propre rôle de lanceur d’alerte. Edward Snowden raconte que les méthodes de l’agence américaine, qu’il qualifie de « crimes inexcusables », étaient connues en interne depuis plusieurs années. « J’ai travaillé à la CIA pendant les années où il y avait de la torture. Je n’étais pas impliqué », a-t-il raconté, mais « j’avais des suspicions ». Ces pratiques ont même été dénoncées en interne, par des personnes ayant elles-mêmes participé à des séances de torture. « Il y a eu des rapports écrits et des inquiétudes transmis à la CIA », a affirmé Edward Snowden, mais « la réponse de la CIA a été de dire d’arrêter de se plaindre ».

Pour l’informaticien, « la raison pour laquelle ce programme n’a pas été arrêté » malgré ces soupçons est « que le public n’a pas été mis au courant ». Et, « si les programmes ont été arrêtés, c’est parce que les journaux les ont révélés ». Le rapport du Sénat publié mardi « est un pas en avant. Mais cela n’empêche pas la poursuite d’officiels ayant ordonné la torture », a-t-il estimé.

Edward Snowden a ensuite bien entendu été interrogé sur ses propres révélations et sur l’existence d’éventuels nouveaux documents concernant la France. Mais le whistleblower a déjà plusieurs fois expliqué qu’il ne souhaitait pas jouer un rôle selon lui réservé aux journalistes, limitant le sien à la fourniture des documents. « Je n’ai pas accès à des informations secrètes. J’ai détruit toutes mes informations à partir du moment où je les ai données à des journalistes. Je n’ai donc pas de scoop », a-t-il affirmé lors de son intervention.

« Mais la surveillance de masse a lieu dans tous les pays qui ont les moyens d’avoir des agences de renseignement », a-t-il toutefois précisé. « Il y a eu des informations montrant qu’Orange fournissait des informations à la DGSE », a-t-il ajouté en référence à la proximité entre l’opérateur historique français et les services de renseignement plusieurs fois évoquée par la presse, dernièrement par Le Monde.

Edward Snowden est également revenu sur les conditions de son exil en Russie, affirmant être « en sécurité ». « Je prends le métro comme tout le monde », a-t-il plaisanté. « Je continue de travailler aujourd’hui activement à la protection des données sur Internet et je suis en contact constant avec des activistes. » Même si les autorités russes continuent à maintenir le secret autour de son lieu de résidence, les conditions de vie du réfugié américain semblent effectivement s’être sensiblement améliorées.

Durant les premiers mois ayant suivi l’arrivée du whistleblower sur le territoire russe, Moscou avait littéralement placé celui-ci au secret. Seule personne à pouvoir s’exprimer en son nom, son avocat Anatoly Kuchenera avait expliqué, en septembre 2013, que le jeune homme ne pouvait sortir que sous protection, et à la condition d’être déguisé, et qu’on lui avait interdit tout contact avec ses proches ou des ONG. « Les anciens collègues de Snowden pourraient utiliser l’arrivée de parents pour suivre sa localisation », expliquait alors Me Kucherena avant d’affirmer : « En ce moment, je suis son seul lien avec le monde extérieur. Même ses contacts avec ses parents passent par moi. »

« Dans le futur, Edward devra décider s’il continue à vivre en Russie »

Un an plus tard, Edward Snowden semble avoir récupéré, au moins en partie, sa liberté de mouvement et le droit de communiquer. Il « est en pleine forme, il prospère », affirmait ainsi au début du mois de décembre Daniel Ellsberg, autre whistleblower célèbre pour ses révélations sur la guerre du Vietnam en 1971, après avoir rencontré Edward Snowden à Moscou. Selon lui, son moral serait même bon, malgré l’isolement. « C’est quelqu’un qui peut passer beaucoup de temps tout seul, il n’est pas très sociable. Il peut rester tout seul avec son ordinateur », explique Daniel Ellsberg. Eward Snowden aurait même désormais le droit de sortir à visage découvert et de discuter avec des inconnus sous sa véritable identité. « Oui, je peux. Et je sors », affirmait-il au mois d’octobre dernier dans une interview accordée à The Nation. « On me reconnaît de temps en temps. C’est toujours dans les magasins d’ordinateurs », précisait-il.

S’il n’a pas le droit de quitter le sol russe, le jeune homme a tout de même retrouvé le droit de recevoir des invités et multiplie les entretiens avec des proches mais également des militants des droits de l’Homme, des responsables d’ONG, des journalistes… Dans Citizen Four, le documentaire de la journaliste Laura Poitras, la première avec Glenn Greenwald à être entrée en contact avec Edward Snowden, on découvre que celui-ci a été rejoint en Russie par sa petite amie, Lindsay Mills, que l’ex-employé de la NSA avait précipitamment quittée en s’enfuyant d’Hawaï en mai 2013. Pour des raisons de visa, la jeune femme n’est pas autorisée à rester constamment en Russie mais y effectuerait de fréquents séjours.

Alors que sa première année d’exil n’avait été marquée que par quelques très rares interventions, Edward Snowden a également pris son bâton de pèlerin virtuel et multiplie désormais les interventions publiques par visioconférence. En mars dernier, il créait l’événement en intervenant en direct lors du très branché festival SXSW qui se tenait à Austin au Texas. Le même mois, il témoignait, par écrit, devant la commission des libertés civiles du Parlement européen. Au mois d’avril, il s’exprimait, cette fois par vidéo, devant le Conseil de l’Europe. Au cours des derniers mois, il est également intervenu lors de la conférence #EncryptNews organisée par la Freedom of Press Foundation ou à l’occasion de la remise du « prix Nobel alternatif » qui lui a été décerné par des journalistes de The Nation et de Wired ou encore le directeur de l’association de défense des libertés civiles américaines Aclu.

Avec la médiatisation vient également la célébrité. Sorti en novembre 2014, le documentaire Citizen Four est d'ores et déjà un succès critique primé par l'International Documentary Association et bien placé dans la course aux oscars. L’aventure d’Edward Snowden a même inspiré la télévision russe dans une série à succès et doit faire l’objet d'une adaptation au cinéma par Oliver Stone, avec Joseph Gordon-Levitt dans le rôle principal.

Mais ce semblant de liberté ne doit pas faire oublier qu’Edward Snowden vit entre la menace de passer le reste de sa vie dans une prison américaine et l’obligation de s’installer définitivement en Russie, jamais à l’abri d’un revirement diplomatique. Au mois d’août dernier, les autorités ont renouvelé pour une période de trois ans l’asile temporaire accordé au jeune homme à son arrivée. À cette occasion, son avocat Anatoly Kucherena a rappelé qu’il s’agissait d’un permis de résidence, et non d'un asile politique. « Dans le futur, Edward devra décider s’il continue à vivre en Russie et devient citoyen ou s’il retourne aux États-Unis », a-t-il insisté.

Lors de son intervention à Paris, Edward Snowden a expliqué que, à défaut de retourner « chez lui », il aurait « bien aimé venir en Europe occidentale ». Mais, malgré les multiples appels et pétitions, aucun pays européen n’est pour l’instant prêt à défier Washington qui a fait du cas du whistleblower une affaire de principe. En France, les autorités se réfugient derrière le fait que, juridiquement, Edward Snowden n’a déposé aucune demande d’asile. Or, celui-ci a fait savoir à plusieurs reprises sa volonté de se réfugier dans des pays européens, dont la France. Mais, se justifie le gouvernement, pour qu’une demande d’asile soit valide, il faudrait que celle-ci soit déposée sur le sol français, chose quasi impossible pour Edward Snowden qui risquerait d’être immédiatement intercepté et extradé vers les États-Unis.

Une pétition lancée au mois de juin dernier, et ayant reçu 165 000 signatures, mettait pourtant en avant une solution juridique. L’article L 711-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) prévoit en effet un asile dit « constitutionnel » pour « toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ». Et ce droit peut être accordé sans avoir à pénétrer sur le sol français. Au mois de juillet, les initiateurs de la pétition avaient été reçus par le groupe d’études « Internet et société numérique » de l’Assemblée nationale. Mais depuis, celle-ci semble n’avoir eu aucun effet. Jeudi, le député Christian Paul, co-organisateur de la réunion et président de la commission numérique et libertés de l’Assemblée, a une nouvelle fois appelé à la mise en place « d’un cadre légal pour les lanceurs d’alerte ». L’élu PS se dit également « particulièrement favorable à l’éventuelle demande d’Edward Snowden de bénéficier de l’asile constitutionnel, que la France garantit aux combattants de la liberté ».

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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