LEMONDE.FR avec AFP | 19.12.11 | 20h36 • Mis à jour le 19.12.11 | 22h22
Le siège de la Commission européenne, situé à Bruxelles. REUTERS/YVES HERMAN
Lors du sommet des 8 et 9 décembre, les dirigeants européens s'étaient donné dix jours pour décider de renforcer le pouvoir du Fonds monétaire international, et lui permettre ainsi de peser davantage dans la crise de la dette qui secoue le vieux continent.
Au dernier jour de ce compte à rebours, lundi 19 décembre, les ministres des finances de la zone euro se sont mis d'accord pour renflouer l'institution de Washington à hauteur de 150 milliards d'euros. Une somme qui devrait permettre au FMI d'aider indirectement les pays en difficulté de l'union monétaire, devenant ainsi un nouveau pare-feu financier contre la crise.
- L'Europe espère un large soutien
Concrètement, il s'agissait pour les ministres des finances européens de fixer la répartition de contributions sous forme de prêts bilatéraux, afin qu'à son tour le FMI vienne en aide aux pays en difficulté de la zone euro. A cette occasion, les dix-sept pays de la zone euro ont confirmé vouloir "fournir 150 milliards d'euros supplémentaires" au Fonds monétaire international, a indiqué le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans un communiqué.
Mais pour atteindre son objectif de 200 milliards d'euros, la zone euro espère aussi un soutien extérieur. "Les autres pays de l'Union européenne vont se positionner", mais ils l'ont déjà fait "implicitement", selon une source gouvernementale, qui affirme que "les 200 milliards" devraient être atteints. Lundi, après trois heures et demie de négociations entre ministres des finances, quatre pays hors zone euro – la République tchèque, le Danemark, la Pologne et la Suède – ont déjà accepté de participer au renflouement du FMI pour aider la zone euro.
Mais l'Union européenne ne compte pas s'arrêter là. Dans un communiqué, le président de l'eurogroupe en a ainsi appelé au reste du monde. "L'Union européenne apprécierait que les membres du G20 [le forum des pays riches et émergents] ainsi que d'autres pays membres du FMI financièrement solides soutiennent les efforts visant à préserver la stabilité financière mondiale en contribuant à augmenter les ressources du FMI", a ainsi écrit Jean-Claude Juncker.
- La Grande-Bretagne fait cavalier seul
Le gouvernement britannique a pour sa part confirmé, lundi, son refus d'apporter au FMI une contribution financière destinée à la seule zone euro. Le ministre des finances, George Osborne, a décliné les demandes de ses homologues européens, qui demandaient à la Grande-Bretagne de participer à hauteur de 30 milliards d'euros au renflouement du FMI. "Le Royaume-Uni a indiqué qu'il définirait sa contribution au début de l'année prochaine dans le cadre du G20", précise le communiqué final des membres de l'eurogroupe.
Après avoir décidé de rester à l'écart de la réforme des institutions européennes, Londres marque ainsi une nouvelle fois son indépendance vis-à-vis de l'Union européenne. Le gouvernement britannique s'est pourtant fait remarquer lundi après avoir lancé un vaste projet de réforme de son secteur bancaire, qui pourrait inspirer les autres pays de la zone euro.
- La BCE refuse de nouveau de prêter aux pays en difficulté
Alors que les négociations allaient bon train dans l'UE, la Banque centrale européenne a une nouvelle fois fait preuve d'intransigeance lundi 19 décembre. Son président, Mario Draghi, a ainsi souligné une nouvelle fois que l'institution monétaire de Francfort n'avait pas vocation à financer les Etats de la zone euro en créant de la monnaie. Une déclaration directement destiné aux pays – France en tête – qui considèrent qu'une action de la BCE sur les marchés serait la seule solution efficace pour enrayer la crise de la dette.
Depuis plusieurs mois, la pression se fait forte sur l'institution monétaire européenne pour augmenter ses achats et se transformer en prêteur de dernier ressort des pays de la zone euro mis en difficulté par les marchés.