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Marianne
Mercredi 28 Août 2013 à 18:19
Mis en cause pour sa participation au programme PRISM de la NSA, Facebook joue depuis la transparence. Le site américain a publié un rapport sur les pays qui ont formulé des demandes d’exploitation de données personnelles durant le premier semestre 2013. La France aurait cherché à se renseigner sur 1598 utilisateurs.
Kin Cheung/AP/SIPA
Facebook suit les traces de Google, Yahoo, Microsoft et Twitter. Comme ses congénères du monde informatique, le réseau social a dévoilé un « rapport international des demandes gouvernementales », qui recense le nombre de requêtes formulées par les pays désireux de récupérer les données personnelles de certains de ses utilisateurs. Soixante-et-onze pays sont concernés. En juin déjà, Facebook avait communiqué sur la nature de ces pratiques pendant le second semestre 2012. Cette fois, le document porte sur les six premiers mois de l’année 2013.
Le site crée par Mark Zuckerberg aurait reçu, du 1er janvier au 30 juin 2013, 26 000 demandes portant sur 38 000 comptes d’utilisateurs. Sans surprise, plus de la moitié de ces réclamations émanent des Etats-Unis, qui ont cherché à accéder à 20 000 profils. La position de la France est plus intrigante et surprenante (quoique) : 1547 sollicitations, portant sur 1598 comptes, ce qui en fait le sixième demandeur le plus important. Mis à part les Etats-Unis, écrasant champion du Big Brother, l’Inde (qui s’est intéressé à 4 144 profils), la Grande-Bretagne (2 337), l’Italie (2 306) et l’Allemagne (2 068) font mieux que la France. A titre de comparaison, l’Australie a adressé 546 requêtes au réseau social, la Belgique 150, et les Pays-Bas…11 seulement.
« Facebook n’a jamais fait partie » du programme PRISM, selon son fondateur
Facebook garantit qu’il s’agit, en général, d’informations basiques, tel que le nom de la cible. Les demandes ne seraient d’ailleurs pas nécessairement liées au programme PRISM de la NSA, révélé par l’Américain Edward Snowden. Mark Zuckerberg lui-même a juré en juin que « Facebook ne fait pas et n’a jamais fait partie d’un programme donnant, aux Etats-Unis ou tout autre gouvernement, un accès direct à ses serveurs. »
La proportion de demandes acceptées par l’entreprise californienne est également intéressante, car elle représente le cœur de sa communication. 79% des sollicitations américaines ont été reçues favorablement, contre 39% des réclamations françaises. Facebook accorderait-il un passe-droit à son pays d'origine, ou bien les demandes nord-américaines sont-elles plus pertinentes que celles des Français ?
Un plan de communication qui ne lève pas les doutes
En tout cas, il ne faut pas compter sur une quelconque fibre libertaire de Facebook. Mark Zuckerberg souhaite uniquement s’éviter un exode d’utilisateurs excédés par la porosité du site sur la protection de la vie privée. En communiquant ainsi, la firme tente de montrer qu’elle régente fermement l’accès à ses données. Colin Stretch, son avocat général, a déclaré que Facebook « place très haut la barre juridique à franchir », donnant en outre sa vision de la nature des demandes gouvernementales : « La grande majorité de ces requêtes est liée à des affaires criminelles, comme des vols ou des enlèvements. »
Il est permis de douter des bonnes intentions de l’entreprise d’un côté, de la réalité des chiffres avancés de l’autre. Après tout, les géants du net impliqués dans le scandale des écoutes de la NSA – Yahoo, Google, Facebook… - n’ont décidé de se lancer dans cette opération « transparence » qu’une fois l’affaire révélée, et leurs pratiques mises en cause.
Published by democratie-reelle-nimes
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dans
Economie et social