Comment en est-on arrivé là ? La question est sur toutes les lèvres indignées. Ligue des droits de l’homme, Syndicat des avocats de France, France Nature environnement ont tenu une conférence de presse commune vendredi 14 novembre. Ensemble, ils ont annoncé vouloir créer une commission nationale d’enquête, pour « faire toute la vérité sur la mort de Rémi Fraisse. »
Cette décision intervient après que, mercredi, Mediapart et Le Monde ont publié le texte des échanges entre gendarmes confirmant que, dès le matin du décès de Rémi Fraisse, les autorités connaissaient la cause et les circonstances du drame.
Pas question de faire concurrence à l’enquête judiciaire. « Nous avons confiance en la justice, martèle le président de la LDH, Pierre Tartakowsky. Nous voulons être un complément civique, pas un contre-pouvoir. » L’idée : recueillir le maximum de témoignages citoyens, au Testet et ailleurs. L’objectif : déterminer des responsabilités et éviter qu’un tel drame ne se reproduise.
Ecouter Pierre Tartakowsky :
- Pierre Tartakowsky -
Qui a donné l’ordre ?
« Nous savons désormais que les gendarmes ont reçu des consignes de sévérité extrême à l’encontre des manifestants, explique Maître Arie Alimi, l’un des avocats de la famille de Rémi Fraisse. Sévérité extrême, cela signifie que les forces de l’ordre ont eu l’autorisation de leurs supérieurs d’utiliser des grenades explosives, celles qui ont causé de décès de Rémi. »
Ecouter Arie Alimi :
- Arie Alimi -
« Les grenades ne sont que le problème de surface »
Pour autant, il ne s’agit pas de se focaliser sur les grenades. « Ce n’est que le problème de surface, poursuit Arie Alimi. La vraie question, ce sont les conditions de maintien de l’ordre. » La répression policière, sur la ZAD et ailleurs, s’intensifie. « Le nombre de plaintes contre les forces de l’ordre a augmenté, indique Florian Borg, du Syndicat des avocats de France. Rien que pour le Testet, nous en avons reçu une vingtaine. »
Pourquoi une telle escalade ? « La disproportion et la brutalité de la répression montrent un refus de dialogue, et une volonté de balayer les interlocuteurs », estime Pierre Tartakowsky.
Certains, comme Xavier Beulin, le président de la FNSEA, accusent la radicalisation du mouvement écolo. Benoît Hartmann, porte-parole de FNE, s’inscrit en faux : « Quand on traite des jeunes botanistes de djihadistes verts, de quelle côté est la violence ? »
Ecouter Benoit Hartmann :
- Benoit Hartmann -
Benoît Hartmann espère que « ce travail de vérité viendra rééquilibrer la communication dramatisante que les politiques nous servent depuis deux semaines ».
Les libertés en danger
Pour Pierre Tartakowsky, ce drame questionne aussi l’état actuel de la démocratie. « L’affaire de Sivens est significative des maux qui traversent notre société : en amont, des procédures vides de sens, entachées de corruption, qui prennent le pas sur la démocratie. »...
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Source : www.reporterre.net