Le Monde.fr | 30.05.2012 à 14h08 • Mis à jour le 30.05.2012 à 14h08
Par Laurence Girard
![La SnSafer s'inquiète d'une baisse des installations agricoles. | AFP/DAVID ÉBENER La SnSafer s'inquiète d'une baisse des installations agricoles.](https://image.over-blog.com/Sg-LzdKsfzEPuWImQHB5qAYb81U=/filters:no_upscale()/http%3A%2F%2Fs2.lemde.fr%2Fimage%2F2011%2F06%2F14%2F540x270%2F1536242_3_b2ff_la-snsafer-s-inquiete-d-une-baisse-des_b7769f30ac916b925bb734b6d72afeb3.jpg)
Les exploitations agricoles familiales sont-elles menacées en France ? A l'occasion de la publication du bilan annuel du marché du foncier et de l'immobilier rural mercredi 30 mai, la FnSafer (Fédération nationale des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) a choisi de tirer la sonnette d'alarme.
Signe d'une évolution structurelle profonde, pour la première fois en 2011, les transactions sur les terres louées ont dépassé en nombre et en surface les transactions sur les terres libres. « Le fermage est passé de 49 % à 77 % des terres cultivées entre 1970 et 2011 », affirme Robert Levesque, de la FnSafer.
Cette évolution se double d'une concentration des exploitations qui cherchent à s'agrandir. Résultat, leur nombre ne cesse de se réduire. M. Levesque cite quelques chiffres qui sont sans appel. En 1955, la France comptait 2,2 millions d'exploitations et 6,1 millions d'actifs agricoles. En 2000, le nombre de structures est tombé à 660 000 et celui des employés à 1,3 million. Dix ans plus tard, le nombre d'actifs est redescendu à 970 000 et celui des exploitations est tombé à 490 000.
DÉVELOPPEMENT DES STRUCTURES SOCIÉTAIRES
Surtout, la FnSafer met en exergue une évolution du statut des exploitations agricoles. Elle constate le développement des formes sociétaires des exploitations au détriment des structures familiales, en particulier dans les secteurs les plus rentables. Ce qu'elle qualifie d'agriculture de capitaux. Elle regrette un déficit de transparence des reprises des locations et des parts sociales. Selon la FnSafer, cette évolution pourrait préparer un terrain propice à la prise de contrôle des exploitations les plus profitables par des investisseurs étrangers à l'agriculture.
En conséquence, elle s'inquiète d'une baisse des installations agricoles. La barrière à l'entrée pour un nouvel agriculteur, en particulier s'il n'a pas de famille installée, est de plus en plus difficile à franchir.
Autre enseignement de cette étude : les prix sont tous orientés à la hausse en 2011. Et le marché a été dynamique. En englobant tout, vente de terrains agricoles, de vignes, de terrain en urbanisation, de maisons rurales, de forêts, le nombre de transactions a atteint 218 450 en progression de 4,3 %. En valeur, le total pèse 17,1 milliards d'euros en hausse de 11,7 %. La réforme des plus-values immobilières a contribué au dynamisme.
UNE CARTE DES PRIX TRÈS CONTRASTÉE SELON LES RÉGIONS
L'augmentation du prix moyen des terres agricoles, de 6 % pour les terres libres (5 430 euros l'hectare), et de 3,1% pour les terres louées (3 830 euros à l'hectare) est une tendance constatée sur l'ensemble des pays européens sous la pression du défi alimentaire.
Toutefois, la carte des prix est très contrastée selon les régions. Les hausses sont plus fortes en périphérie parisienne et vers le pourtour méditerranéen, là où les tentations d'urbanisation sont les plus importantes. En 2011, la plus value sur le marché de l'urbanisation, soit l'écart de valeur entre les terrains à bâtir et les terres agricoles, a bondi de 22 % à 3,9 milliards d'euros.
De même, les disparités sont sensibles sur le prix des vignes qui progressent de 4,7 % à 99 400 euros l'hectare. Il peut être inférieur à 40 000 euros l'hectare dans la vallée du Rhône et atteindre 900 000 euros en Champagne. Quant à la forêt, vue comme une valeur refuge, elle voit ses prix à l'hectare progresser de 10,8 % à 3 960 euros.
Laurence Girard