LEMONDE.FR avec AFP | 30.01.12 | 10h48 • Mis à jour le 30.01.12 | 15h27
Le dalaï-lama, ici à Dharamsala le 6 avril 2011, ne s'oppose pas à ce que le Tibet reste dans le giron chinois, contrairement aux affirmations de Pékin, qui l'accuse d'être un dangereux "séparatiste".REUTERS/STRINGER/INDIA
La presse chinoise a tiré à boulets rouges lundi 30 janvier sur les pays occidentaux, leur reprochant de "travestir les faits", ainsi que sur le dalaï-lama, qu'elle a accusé de "trahir" sa religion, après des manifestations de Tibétains violemment réprimées dans le sud-ouest de la Chine. "Il n'est pas rare que des gouvernements occidentaux ainsi que le soi-disant gouvernement tibétain en exil gonflent et déforment des incidents, a assuré dans un éditorial le quotidien officiel China Daily. Le dalaï-lama trahit sa position religieuse dans les régions à population tibétaine. […] Lui et ses partisans prennent en otage l'intérêt général des habitants de ces régions afin de satisfaire leurs propres intérêts : ceux de la clique des Tibétains en exil."
Les policiers chinois sont accusés par des associations d'avoir ouvert le feu par trois fois la semaine dernière contre des manifestants dans une région tibétaine de la province du Sichuan, faisant des morts et des dizaines de blessés. Les Etats-Unis se sont dits "très inquiets" par ces violences. Pékin a admis que deux Tibétains avaient été tués, dont l'un abattu par sa police. Le pouvoir communiste a affirmé que les forces de sécurité avaient riposté contre des "gangs" notamment formés de moines, qui auraient saccagé des commerces et attaqué la police.
"UN MANIPULATEUR"
Les autorités chinoises ont empêché la presse étrangère de se rendre sur place et ont fortement entravé l'Internet et les communications téléphoniques. "Le dalaï-lama n'est ni plus ni moins qu'un manipulateur représentant le groupe exilé. Pour eux, les gens ordinaires des régions tibétaines ne sont que des outils qu'ils continueront à exploiter, en les exposant même à un plus grave danger", a de son côté jugé le journal Global Times. "Dans notre monde actuel, il suffit de quelques extrémistes pour ébranler une région, il suffit de voir le camp mené par le 'leader spirituel' dalaï-lama, largement soutenu par l'Occident", a ajouté ce quotidien nationaliste.
Le dalaï-lama ne s'oppose pas à ce que le Tibet reste dans le giron chinois, contrairement aux affirmations de Pékin, qui l'accuse d'être un dangereux "séparatiste". Mais le chef spirituel tibétain, exilé en Inde, a accusé le pouvoir communiste de "génocide culturel" dans les régions tibétaines. Les Tibétains accusent aussi les Hans, ethnie dominante en Chine, de coloniser inexorablement leur territoire et de faire disparaître leur culture.