LEMONDE.FR avec AFP | 30.11.11 | 09h59
Amnesty International France met en avant la mort de cinq personnes lors d'interpellations pour dénoncer "l'impunité" de certains policiers soupçonnés de violences et réclamer dans ces affaires des enquêtes "impartiales". "Ces cinq affaires banales au départ se terminent très très mal, parfois juste une heure après l'interpellation", explique Patrick Delouvin, directeur du pôle Europe de l'ONG, à l'occasion de la publication d'un rapport sur le sujet. "On ne dit pas que la police fait mal son travail", souligne-t-il.
Mais "il est extrêmement préoccupant que dans certains cas, plusieurs années après les faits, les familles sont toujours en attente d'un procès […], les policiers sont toujours en fonction, il n'y a pas eu de poursuites disciplinaires", note Izza Leghtas, chercheuse d'Amnesty.
Ali Ziri, Algérien de 69 ans, mort par asphyxie en 2009 après un contrôle routier à Argenteuil (Val-d'Oise), ou Mohamed Boukrourou, Marocain de 41 ans mort d'une défaillance cardiaque lors de son interpellation en 2009 à Valentigney (Doubs) : leurs histoires illustrent des "problèmes structurels", notamment "l'impunité" de certains policiers, souligne Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France.
L'ONG réclame "au parquet et aux juges d'instruction" des enquêtes "effectives, impartiales et dans les meilleurs délais", et au ministère de l'intérieur une interdiction des méthodes d'immobilisation "dangereuses", une "formation approfondie" des policiers sur "les droits humains" et la suspension ou la sanction systématiques de ceux mis en cause.
Dans le cas d'Abou Bakari Tandia, Malien de 38 ans mort en 2004 après être "tombé dans le coma dans les locaux de la police" de Courbevoie (Hauts-de-Seine), la responsabilité est bien "judiciaire", dénonce son avocat, Me Yassine Bouzrou : "Les policiers mis en cause ne sont pas sous contrôle judiciaire, ils peuvent se voir, se mettre d'accord sur leur version."
Les ministères de l'intérieur et de la justice n'avaient pas réagi mardi soir. Après ces morts, les vies des familles restent "en suspens" tant que l'enquête n'est pas close et qu'il n'y a pas eu de procès. "La réputation et la confiance dans les institutions y perd beaucoup", souligne Izza Leghtas.2