Jean-Claude Marin, procureur général près la Cour de cassation, est le magistrat le plus important de France après Vincent Lamanda, le premier président. Je ne suis pas persuadé qu'il ne soit pas au moins à égalité dans la perception judiciaire et pour l'esprit public, tant il a marqué de son empreinte l'actualité de ces dernières années en sa qualité de procureur de la République à Paris.
Le grand avantage de changer de fonction, d'obtenir une promotion infiniment méritée en ce qui le concerne au regard des rivaux qui s'opposaient à lui, est de renaître, dans la tradition française, comme neuf. En tout cas régénéré. Du passé il est fait table rase, et on a toute latitude pour évoquer l'avenir sans être vulgairement ramené à ses actes ou à ses abstentions d'avant.
D'autant plus que Jean-Claude Marin — Franck Johannès a raison de le souligner (Le Monde) — « parle rarement pour ne rien dire ». Qu'il ait envoyé « des flèches acérées » à Vincent Lamanda ne m'étonne pas, mais je voudrais surtout faire un sort à ce que Le Figaro appelle « un vibrant plaidoyer en faveur d'une réforme du mode de nomination des magistrats du parquet ».
Le Conseil supérieur de la magistrature « devrait avoir le dernier mot pour les nominations du parquet » comme il l'a pour les juges du siège. Jean-Claude Marin reprend là une proposition validée, semble-t-il, par une forte majorité du corps judiciaire, qui semble tenir pour rien le fait que le CSM, dans ses choix, n'inspire pas forcément une confiance absolue.
Le procureur général, plus lucide que beaucoup d'autres mais oublieux, souligne que cette réforme permettrait « de mettre un terme à ces soupçons, certes infondés, qui oblitèrent gravement toute réforme en profondeur de la procédure pénale. Ce que nos magistrats demandent, c'est simplement de bannir le doute insidieux qui pèse sur chacune de leurs décisions. »