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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

La justice brésilienne exige à nouveau l'arrêt du chantier du barrage géant de Belo Monte

 

Le Monde.fr | 15.08.2012 à 08h18 • Mis à jour le 15.08.2012 à 12h20

 

 

Le long du fleuve Xingu, dans la forêt amazonienne, le 17 février 2005.

 

Un tribunal brésilien a ordonné mardi 14 août l'arrêt des travaux du barrage de Belo Monte, le troisième plus grand ouvrage de ce type en construction dans le monde, au cœur dRe l'Amazonie brésilienne, au motif que les Indiens de la région n'avaient pas été préalablement consultés.

"En 2005, quand le Parlement brésilien a approuvé ce chantier, il a exigé une étude d'impact environnemental postérieure au lancement des travaux, et non préalable comme l'ordonne la loi", a souligné le Tribunal régional fédéral de la première Région. "Nos droits sont constamment bafoués, s'insurge Sheyla Jakarepi Juruna, une Indienne vivant à quelques kilomètres du chantier. On ne nous a pas consultés avant le lancement du projet."

 

Sheyla Jakarepi Juruna, lors d'une manifestation contre le barrage de Belo Monte. Altamira, février 2011.

 

Les Indiens devront être auditionnés par les parlementaires avant que les travaux ne puissent reprendre, selon une source judiciaire qui a précisé que cette décision était susceptible d'appel par le consortium public Norte Energia, en charge des travaux. Ce dernier a indiqué attendre la notification officielle du jugement pour y répondre sur le plan juridique. "Ce n'est pas la première fois que la justice locale prend la décision d'arrêter les travaux, mais à chaque fois le consortium a eu gain de cause et le chantier a redémarré", déplore Sheyla Jakarepi Juruna.

Le tribunal a fixé une amende journalière de 250 000 dollars en cas de non respect de sa décision par le consortium. "C'est une décision historique pour le pays et pour les peuples [du fleuve] Xingu. C'est une grande victoire qui montre que Belo Monte n'est pas un fait acquis. Nous sommes très heureux et satisfaits", a réagi Antonia Melo, coordinatrice du mouvement Xingu Vivo.

 

Antonia Melo, présidente du mouvement Xingu Vivo, et opposante historique au barrage. Altamira, novembre 2011.

 

 20 MILLIONS DE FOYERS

Le barrage d'un coût de près de 13 milliards de dollars est le plus important en cours d'édification au Brésil et le troisième du monde (après celui des Trois-Gorges en Chine et celui d'Itaipu dans le sud du Brésil à la frontière avec le Paraguay). Il fournira 11 233 MW, soit 11 % de la capacité installée du pays, de quoi alimenter 20 millions de foyers. La présidente, Dilma Rousseff, qui a été ministre des mines et de l'énergie de Lula, fait valoir que le barrage est indispensable pour répondre aux besoins énergétiques du pays, qui doivent être multipliés par 2,5 d'ici à 2030.

 

Le fleuve Xingu à l'endroit où l'une des parties du barrage est actuellement en construction, avant le début des travaux. Altamira, janvier 2010.

 

 Sa construction entraînera l'inondation de 502 km (soit cinq fois la superficie de Paris). Et même si les terres des populations indiennes locales ne sont pas inondées, leur mode de vie risque d'être affecté car elles tirent leur subsistance de la pêche. Le gouvernement prévoit des investissements de 1,2 milliard de dollars d'ici à la fin des travaux pour réduire les impacts négatifs de la construction. La première turbine devrait entrer en opération en 2015 et la dernière, en 2019. Il est normalement prévu que, d'ici à la fin de l'année, 12 000 ouvriers travaillent jour et nuit sur le chantier, et jusqu'à 22 000 en 2013. Le gouvernement, qui prévoit la création de 80 000 emplois indirects, avance que le projet va développer une région qui demeure une des plus pauvres du Brésil alors que les opposants s'inquiètent de la pression démographique engendrée par cet afflux de travailleurs.

DILEMME

Cet ouvrage gigantesque symbolise les dilemmes de la sixième économie mondiale. Le Brésil a réduit drastiquement la déforestation de l'Amazonie et affirme avoir la source d'énergie la plus propre parmi les grandes économies. Mais il s'est aussi lancé dans de gigantesques projets d'infrastructure, dont des barrages (une dizaine de projets en cours) et des routes en Amazonie pour accompagner son développement. Plus de 60 % du potentiel hydroélectrique du pays se trouve dans cet écosystème ultrasensible. 

 

Construction de la route principale reliant Altamira (ville la plus proche du barrage) à Belem, à une centaine de kilomètres de l'océan Atlantique.

 

Belo Monte a gagné une notoriété mondiale avec la campagne menée contre le barrage par des célébrités comme le chanteur Sting et le réalisateur à succès de Titanic et d'Avatar, James Cameron. Le chef indien brésilien Raoni, 82 ans, connu dans le monde entier pour son combat en faveur de l'Amazonie et des peuples indiens, avait demandé "l'arrêt" de la construction lors de la conférence sur le développement durable de l'ONU Rio+20 en juin à Rio de Janeiro.

 

Des habitants de la région discutent de l'organisation de la lutte contre la construction du barrage. Altamira, novembre 2011.

 

Quelque 150 Indiens ont récemment occupé pendant trois semaines l'un des quatre chantiers du barrage pour exiger que le consortium tienne ses engagements envers leurs communautés. Norte Energia a accepté notamment de remettre immédiatement aux indigènes des véhicules de transport et de construire des écoles et des postes de santé.

 

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