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La fermeture autoritaire du groupe audiovisuel public grec ERT par le gouvernement a provoqué une onde de choc mercredi en Grèce, et menaçait de déboucher sur une crise politique entre les partis de la coalition, les syndicats ayant appelé à une grève générale jeudi.
LE GOUVERNEMENT JOUE LA MONTRE
Le gouvernement a joué la montre en présentant dès mercredi un projet de loi de réorganisation de tout l'audiovisuel public, pour éviter que la crise autour de l'ERT ne fasse éclater sa coalition, après pratiquement un an de pouvoir partagé entre les conservateurs du premier ministre Antonis Samaras, les socialistes du Pasok, et la gauche modérée Dimar.
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En fermant en quelques heures les écrans des cinq chaînes de télévision publiques et toutes les radios du groupe, le premier ministre Antonis Samaras, qui rend des comptes cette semaine à la troïka des créanciers internationaux du pays, a sans doute voulu montrer sa détermination à s'attaquer aux "vaches sacrées" du service public, expression péjorative utilisée par le porte-parole du gouvernement.
UNE "CRISE POLITIQUE"
La fermeture brutale de la radio-télévision publique a provoqué "une ambiance de crise politique et institutionnelle", a indiqué mercredi le chef des socialistes grecs du Pasok, Evangelos Venizélos, pilier du gouvernement de coalition.
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Le chef des socialistes a appelé le premier ministre, le conservateur Antonis Samaras, "à sauvegarder l'unité et l'avenir du gouvernement" de coalition, formé il y a presque un an.
PROTESTATIONS DANS TOUTE L'EUROPE
A Bruxelles, la Commission européenne a pris ses distances en notant dans un communiqué mercredi que la décision du gouvernement grec de fermer l'ERT a été "prise en toute indépendance", tout en insistant sur le rôle indispensable joué par le service audiovisuel public dans la vie démocratique.
La chaîne publique franco-allemande Arte a diffusé mercredi soir son journal sur internet en grec, afin d'exprimer "son soutien aux Grecs désormais privés de leur télévision publique" ERT.
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Les journalistes européens ont demandé mercredi aux institutions de l'Union européenne d'agir après la décision brutale du gouvernement grec de fermer la radio-télévision publique. L'Association de la presse internationale (API), qui regroupe les correspondants en poste à Bruxelles, a estimé dans un communiqué que cette fermeture et le licenciement de près de 2 700 salariés étaient "indéfendables". Elle "appelle les institutions de l'Union européenne à demander une annulation immédiate de cette décision".
FABIUS CRITIQUE À DEMI-MOT
Les ministres des affaires étrangères espagnol et français José Manuel Garcia-Margallo et Laurent Fabius ont regretté mercredi à Madrid la fermeture de la radio-télévision publique grecque, le ministre espagnol mettant en garde contre "l'austérité comme dogme idéologique".
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"Fermer une télévision publique n'est jamais une bonne nouvelle", a affirmé M. Margallo au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue français.
Laurent Fabius a également exprimé sa surprise. "Il faut imaginer dans nos pays ce que signifierait, si j'ai bien compris sans qu'à aucun moment cela ait été évoqué, l'arrêt de la télévision. Vous êtes habitués à brancher vos chaînes et vous vous retrouvez avec un écran noir", a-t-il déclaré.
"Pour employer un euphémisme, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne façon de faire aimer les décisions politiques", a-t-il ajouté.
LES JOURNALISTES CONTINUENT À TRAVAILLER
Malgré un orage torrentiel, plusieurs centaines de personnes restaient rassemblées mercredi en fin d'après-midi devant le siège de l'ERT dans la banlieue nord-est d'Athènes, où un concert "de solidarité" était prévu dans la soirée.
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A l'intérieur du siège de l'ERT, des dizaines de journalistes ou assistants continuaient à produire et émettre les émissions, diffusées sur le site Internet de la chaîne, qui toutefois n'était guère accessible.
Enfermé dans son bureau au milieu de partisans encore sous le choc, le président du syndicat de salariés de l'ERT, Panayotis Kalfayanis, qui a appelé à l'occupation du bâtiment, a indiqué à l'AFP qu'il allait "saisir la justice européenne et la justice grecque". "Même s'ils veulent détruire la démocratie, les lois s'appliquent encore et je vais me battre" a-t-il promis.