Le calcul qui permet de prévoir la récession française de l'an prochain est assez simple, presque une règle de trois !
L'ajustement budgétaire annoncé par François Hollande avec beaucoup de solennité est de 30 milliards d'euros : 10 milliards de moindres dépenses et 20 milliards de recettes fiscales supplémentaires. Cet ajustement équivaut à 1,5 % du PIB. L'incidence négative sur le PIB sera au minimum une décroissance de 1,5 %. Si vous retirez ce pourcentage du 0,8 % de croissance prévu par le gouvernement, vous arrivez à une récession de 0,7 %. CQFD.
Bien sûr, à de tels pronostics, les «hollandais» répondent qu'il faudrait tenir compte aussi des effets positifs à attendre de l'embauche de quelque 6 000 enseignants, du démarrage des «emplois-jeunes», de la création de la Banque publique d'investissement, et du «pacte de croissance» arraché par notre président à Angela Merkel en juin dernier. Mais toutes ces mesures, dont l'efficacité économique n'est pas démontrée, ne sont évidemment pas à la mesure du désastre qui s'annonce.
La récession de 2013 sera une catastrophe non seulement pour le gouvernement Ayrault, s'il est encore en place à la fin de l'an prochain, mais aussi pour l'ensemble du quinquennat d'Hollande. Pour deux raisons.
1) Les dépenses de l'Etat vont croître plus que prévu à cause de la forte augmentation du chômage, inéluctable du fait de la récession, et des allocations qui lui sont attachées.
2) Les recettes de l'Etat vont diminuer à cause de cette même récession. En d'autres termes, sera manqué l'objectif de réduction du déficit budgétaire à 3 % du PIB au nom duquel a été lancé à grand fracas tout ce dispositif de réduction des dépenses publiques et d'augmentation des impôts - «sans précédent», dixit Hollande.
L'objectif du déficit à 3 % du PIB, il faut le rappeler, n'était que la première marche d'un escalier «vertueux» qui devait conduire à l'équilibre les comptes de l'Etat français en 2017. Cette première marche étant ratée, les suivantes seront d'autant plus hautes, et il sera d'autant plus pénible de les monter.
A ce moment-là, le programme d'Hollande devient évidemment insoutenable, et il se passe quelque chose sur le plan politique...
* Le Monde du 17 octobre 2012.