A l’origine de ce revirement d’attitude, la guerre intestine qui menace l’unité de Forza Italia, le parti fondé par le Cavalier en 1993. Après avoir été obligés par Silvio Berlusconi d’abandonner le gouvernement, trois ministres sur cinq ont publiquement fait état de leurs dissensions. Soucieux disaient-ils de l’intérêt du pays et des inquiétudes des partenaires européens et surtout de la zone euro éternellement tributaire des péripéties de la troisième économie européenne, ces dissidents réclamaient le droit de soutenir le gouvernement.
Reste qu’en acceptant de s’aligner sur les intentions de vote des dissidents, Silvio Berlusconi a perdu son rôle de leader incontesté de son parti. Pour tenter de remettre les choses à plat, le vieux lion a convoqué ce qu’il reste de sa garde rapprochée en lui demandant « de tout mettre en œuvre pour récupérer les dissidents ». L’affaire est loin d’être dans le sac, les frondeurs ayant déjà annoncé la constitution d’un nouveau groupe parlementaire qui devrait tabler sur l’apport d’au moins trente cinq députés et sénateurs. A sa tête : Angelino Alfano, ancien dauphin du Cavalier actuellement vice-président du Conseil.
Cet épisode marque peut-être le début d’un véritable passage de timon. Trop de choses séparent désormais le milliardaire et les dissidents. Et puis, Silvio Berlusconi n’étant pas du genre à pardonner, un pas en arrière des frondeurs impliquerait-normalement- leur disparition de la scène politique.
Pour tenter de reprendre la situation en main, le milliardaire table sur ses deux atouts majeurs. D’abord, sa fortune qu’il a toujours utilisé pour huiler les rouages de son parti et puis, sa force de séduction au sein de l’électorat. Sur ce deuxième point, Silvio Berlusconi commet encore probablement une erreur de calcul. Selon une enquete, les Italiens qui se reconnaissent encore dans la droite berlusconienne, ne sont pas pour autant prets à accepter que le sauvetage du Cavalier puisse passer par l’élimination du gouvernement d’unité nationale.
Pour souligner l’ampleur de la rupture, les parlementaires frondeurs ont annoncé l’annulation de la manifestation qui devait avoir lieu vendredi matin devant le sénat lorsque la commission électorale sénatoriale votera la déchéance de Silvio Berlusconi. Une prise de recul qui n’a rien de symbolique au contraire. Elle veut tout simplement dire que pour une partie de la droite berlusconienne, le temps est venu de laisser le destin du Cavalier s’accomplir.