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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:15

 

Le Monde - 22 novembre 2011

 

C'est une maison qu'ils appellent "le lavomatic". A une époque, ils accueillaient, le temps d'une lessive, des amis en panne de machine à laver. Le nom est resté. Dans cette maison  de plain-pied du quartier de Figuerolles, à Montpellier, vivent deux filles et deux garçons âgés de 23 à 30 ans. Il y a Sarah, qui travaille dans une association de vulgarisation scientifique, Pauline, employée d'une association culturelle, Jérôme, infirmier, et Simon, le dernier venu, qui étudie le journalisme à Montpellier. Ils ont chacun leur chambre à l'étage et se partagent le rez-de-chaussée et la courette qu'on imagine comme une agréable extension du salon à la belle saison.

 

De haut en bas, de g. à d. : Sarah, Jérôme, Pauline, Simon. © Elodie Ratsimbazafy

De haut en bas, de g. à d. : Sarah, Jérôme, Pauline, Simon. © Elodie Ratsimbazafy

 

Quand on arrive, un soir de semaine, une compote de pommes — format familial — mijote dans la cuisine ouverte sur le séjour. C'est presque l'heure du repas et on attend Jérôme l'infirmier le seul à "avoir des horaires un peu particuliers". Sans plus de cérémonie, on ajoute deux assiettes pour les auteurs de ce blog. On nous explique qu'ici viennent pas mal de gens, des copains des uns et des autres ou d'anciens colocataires qui passent par là, comme Quentin, étudiant en science, qui partagera le plat de nouilles à la bolognaise. Un hasard que ce cliché de la vie étudiante puisqu'ils mettent un point d'honneur à diversifier et équilibrer leur alimentation.

S'ils ont choisi de vivre ensemble, c'est évidemment pour des raisons économiques. Un loyer de 1 200 euros à couper en quatre est un argument de poids quand le moindre studio se loue plus de 400 euros dans le centre de la ville, à une dizaine de minutes à pied de là. Mais, ils insistent sur ce point, "c'est aussi un choix de vie" plus qu'une contrainte puisqu'ils pourraient presque tous "se payer un petit appartement". Ils partagent plus qu'un loyer et profitent d'une vie commune, d'une grande maison et de l'esprit qui va avec.

 

Ici, les casseroles sont toutes grand format. Le fait-tout orange est un ustensile historique de la colocation. © Elodie Ratsimbazafy

Ici, les casseroles sont toutes grand format. Le fait-tout orange est un ustensile historique de la colocation. © Elodie Ratsimbazafy

 

Ici on partage tout. Les courses sont faites en commun et on divise le tout par quatre chaque mois. En théorie. Parfois les tickets de caisse traînent quelques semaines de plus, au risque de déséquilibrer des budgets serrés. Mais, ils en ont la certitude : "au final, tout s'équilibre". C'est la seule règle à peu près établie. Le reste se conçoit en bonne intelligence, sans qu'il y ait besoin de l'écrire noir sur blanc. Un peu comme dans une famille.

La propriétaire et ses enfants ont quitté Montpellier il y a quelques années après une séparation et un héritage. Elle a accepté de louer à de jeunes gens. Ce n'était pas eux. Ils sont arrivés les uns après les autres, remplaçant peu à peu l'équipe originelle. Sarah est la plus ancienne. Originaire de la région parisienne, elle est arrivée alors qu'elle "ne connaissait personne à Montpellier". Les autres ont suivi, recrutés par affinité et jamais par petite annonce. Pauline parce que la maison où elle habitait, en colocation déjà, a été vendue ; Simon et Jérôme parce qu'ils arrivaient dans la ville. Il n'y a pas eu de "procédure de recrutement" particulière. "Je connaissais Sarah. Je suis venu pour dîner, avec une bouteille de vin. C'était juste une discussion, pas un entretien", se souvient Simon qui a posé sa valise début 2011.

 

Pauline, Jérôme et Sarah. © Elodie Ratsimbazafy

Pauline, Jérôme et Sarah. © Elodie Ratsimbazafy

 

La propriétaire s’accommode de ce va-et-vient. "On fait une lettre pour obtenir un avenant à l'état des lieux, on organise une rencontre", raconte Sarah qui a vu arriver tout ce petit monde. Il y eut à une époque quelques frictions, se souvient Quentin, mais celle qui possède la villa a apprécié que les lieux soient bien tenus et entretient depuis de "bons rapports". 

Jérôme est rentré. Le repas est prêt. Nous avons juste eu le temps d'aller à l'épicerie du coin acheter une bouteille de vin pour honorer nos hôtes. Dans ce quartier populaire en pleine gentrification, on trouve à peu près de tout, à toute heure. Autour de la table, on discute de sa journée et de celle du lendemain, de la pluie, du beau temps et du concept de colocation choisie, puisque nous sommes venus pour ça. A les entendre, c'est du velours. "On dîne ensemble, on discute, on regarde un film de temps en temps. On ne fait pas trop de fêtes la semaine", détaille Simon.

 

Autour de la grande table, centre névralgique de la colocation. © Elodie Ratsimbazafy

Autour de la grande table, centre névralgique de la colocation. © Elodie Ratsimbazafy

 

"On se respecte beaucoup plus qu'avec certains précédents colocataires", renchérit Sarah qui fait allusion aux mœurs noctambules des "anciens" de la villa. Et quid des révisions pour l'étudiant du groupe ? "Je n'ai aucun problème pour bosser, même si la maison n'est pas silencieuse. Je peux m'isoler dans ma chambre et descendre le temps d'une pause cigarette", se réjouit Simon. Les grosses fêtes, on les réserve pour le week-end en prenant soin de prévenir le voisinage. La dernière en date remonte à huit jours. Ils avaient invité 80 personnes pour fêter... l'arrivée d'un lave-vaisselle, cédé par un proche. "Ça révolutionne la vie", rigolent-ils en chœur.

C'est l'heure de la tisane, rituel immuable des fins de soirée au "lavomatic". A Montpellier, il existe des centaines de colocations, qu'elles se soient formées par nécessité économique ou par choix. Beaucoup de leurs amis ont choisi le même mode de vie et l'idée leur est venue de se lier. "On essaye de monter un réseau d'entraide sur le modèle des coopératives agricoles [les CUMA]", note Pauline. Pour le moment, l'idée n'est formalisée que par un document partagé, mais ils ont l'ambition de mutualiser tout ce qu'ils peuvent : les appareils qui ne servent que de temps en temps, les compétences des uns et des autres, les achats en gros... Parce qu'au-delà de la colocation, le modèle de société auquel ils aspirent commence par là.

 

Les 4 colocataires actuels et l'ancien, Quentin, au milieu. © Elodie Ratsimbazafy

Les 4 colocataires actuels et l'ancien, Quentin, au milieu. © Elodie Ratsimbazafy

 

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