Le Monde.fr | 25.05.2012 à 18h04 • Mis à jour le 25.05.2012 à 18h04
Les patrons des entreprises publiques belges devraient voir leurs salaires drastiquement réduits - et même divisé par huit pour celui de l'opérateur de télécoms Belgacom -, selon un projet examiné vendredi 25 mai par les principaux ministres du gouvernement d'Elio Di Rupo.
Le ministre chargé des entreprises publiques, le socialiste Paul Magnette, a présenté en conseil des ministres restreint une note visant à ramener le salaire annuel fixe des dirigeants des sociétés majoritairement détenues par l'Etat au niveau de celui des directeurs généraux d'administration, soit 200 000 euros brut. Ils pourront en outre bénéficier d'une part de salaire variable, limitée à 30 % du fixe, et d'avantages divers (voitures, etc.), mais au total, leur rémunération ne pourra pas excéder 290 000 euros bruts par an.
Pour des raisons juridiques, ces limites ne devraient intervenir que lors de la nomination (ou du renouvellement) des patrons et membres des comités de direction des entreprises publiques, selon Paul Magnette, dont le texte doit encore être adopté par le gouvernement puis par le Parlement. La baisse de salaire sera particulièrement importante pour le poste d'administrateur délégué de l'opérateur historique de télécommunications Belgacom, dont l'actuel titulaire, Didier Bellens, a gagné 2,24 millions d'euros au total en 2011 et qui verrait ses revenus divisés par huit (- 87 %).
INTERDICTION DES PARACHUTES DORÉS ET DES STOCK-OPTIONS
Moins bien rémunérés, les dirigeants des autres sociétés publiques verraient néanmoins leurs salaires fortement rabotés : de 73 % pour Bpost (la poste belge), de 51 % pour Belfius (ex-Dexia Banque Belgique), de 40 % pour la SNCB Holding (chemins de fer) ou encore de 20 % pour la Loterie nationale. Toutefois, pour les entreprises les plus soumises à la concurrence internationale et qui rencontreraient des difficultés pour recruter des dirigeants de premier plan, une "modulation" permettant de dépasser ces plafonds "n'est pas exclue", selon Paul Magnette.
La note prévoit par ailleurs l'interdiction, dès l'entrée en vigueur de la loi et donc pour les contrats en cours, des "parachutes dorés" et des "stock-options". "Il s'agit de 'remoraliser' le monde des grandes entreprises publiques", a expliqué M. Magnette, en citant en exemple des décisions similaires annoncées en Europe. En France, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a assuré que la limitation des salaires des patrons des entreprises publiques, promise par François Hollande, interviendrait "vite".
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