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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 12:26

LEMONDE | 24.10.11 | 13h46   •  Mis à jour le 24.10.11 | 13h47

 
 

Le gouvernement renoncera-t-il à réduire le montant des indemnités pour arrêt maladie lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012, qui commence mardi 25 octobre à l'Assemblée nationale ? Les syndicats et les associations de patients, qui trouvent la mesure injuste pour les malades, le réclament. Des députés aussi, dont certains de l'UMP, qui estiment qu'une autre solution peut être trouvée pour économiser 220 millions d'euros.

Certes, la perte de revenus liée au changement du mode de calcul des indemnités journalières pourra être compensée par les employeurs. Mais de nombreux Français seront touchés. En France, 30 % des salariés ne bénéficient pas d'un contrat de prévoyance. Premiers concernés, les précaires ou les personnes dont la faible ancienneté ne donne pas droit à un complément de rémunération. L'impact sera particulièrement lourd en cas d'arrêt de longue durée.

Pour un smicard, la baisse devrait s'élever à 40 euros par mois, pour un cadre, à 85. Un montant à soustraire non pas du salaire, mais d'un revenu composé d'indemnités et déjà réduit. Car "les malades ne s'enrichissent pas", comme le rappelle Yves Bur, député (UMP) du Bas-Rhin et rapporteur du PLFSS, opposé à la mesure.

Louise (le prénom a été modifié), Parisienne de 33 ans, sait ce qu'il en est. Avant sa maladie, elle faisait partie, avec 3 500 euros de salaire mensuel, "des gens aisés". En septembre 2010, elle quitte l'entreprise dans laquelle elle était cadre depuis huit ans pour une autre. Début octobre, un cancer du sein de grade 3 est diagnostiqué ; elle entre en arrêt maladie. Le contrat de prévoyance de son ancienne société ne la couvre plus, celui de la nouvelle pas encore - en période d'essai, elle sera remerciée fin novembre. Depuis, c'est de ses indemnités journalières qu'elle vit, soit autour de 1 300 euros par mois. Celles-ci sont plafonnées à 48,08 euros. En net, une fois prélevées la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), il lui reste 44,86 euros par jour.

Ses frais de santé sont pris en charge à 100 %, mais pour le reste, cela a été la douche froide pour cette "carriériste, pas du tout branchée social". "J'ai pourtant largement cotisé et cotiserai de nouveau", lâche-t-elle, ajoutant que, vu le salaire qu'elle touchait avant, elle n'a eu droit à aucune aide. Ses parents lui ont versé de l'argent. Sa grand-mère a payé la femme de ménage dont elle avait besoin.

Un sentiment d'injustice habite cette élégante jeune femme. Mardi 18 octobre, elle a fini par mettre en vente l'appartement qu'elle avait acheté en 2008 et pour lequel elle s'était endettée. Elle part vivre à Toulouse, dans un logement prêté par ses parents.

Sébastien (le prénom a été changé), 39 ans, cadre dans une entreprise depuis plus de dix ans, vivait bien lui aussi, avec 2 500 euros par mois. Mais après l'apparition de son cancer du système lymphatique, il y a dix-huit mois, son niveau de vie a chuté. Très vite, il se retrouve dans la panade. Ses versements d'indemnités journalières sont "très sporadiques", tout comme ceux de son contrat de prévoyance, qu'il n'a d'ailleurs touchés que peu de temps, à la suite d'une erreur administrative. "Heureusement, j'ai un petit loyer pour Paris, mais une fois tous les frais fixes payés, il me restait moins de 100 euros par mois", dit-il. Impossible de payer une aide à domicile, pourtant indispensable. Il a fait le tour de ses proches pour trouver de l'argent.

Agios, incidents de paiement... : ses frais bancaires ont augmenté. Pourtant, sa liste de privations était longue. Plus d'achat de livres ni de CD. Pas de visites à ses parents en province. Sébastien a aussi retardé des soins dentaires.

La perspective d'une baisse des indemnités le fait bondir : "On les compte tellement, les euros, quand on est malade." "A l'hôpital, les infirmières sont bien conscientes de nos difficultés. Souvent, elles me demandaient : "Vous arrivez à vous acheter à manger ?"", dit-il. Aujourd'hui en mi-temps thérapeutique, Sébastien peut souffler un peu.

Il n'est pas le seul à s'être appauvri avec la maladie. A Santé Info Droits, ligne téléphonique du Collectif interassociatif sur la santé, les appels au sujet des indemnités journalières sont courants. Les malades sont à la recherche d'explications, s'inquiètent d'indemnités non perçues, et témoignent de leurs problèmes financiers. Ainsi cet intérimaire qui indique qu'il a un cancer, est en arrêt maladie et touche 600 euros, puis demande : "Que puis-je faire pour compléter mes ressources en attendant de pouvoir reprendre un emploi ?"

Dans leur cabinet du 20e arrondissement de Paris, Marie Chevillard et Mady Denantes, médecins généralistes, voient des patients refuser des arrêts maladie pour éviter une perte - voire une absence - de revenu, le temps que les indemnités soient versées. Elles s'alarment de leur future baisse : "Encore une fois, ce sont les plus fragiles, ceux qui sont sans mutuelle, sans contrat de prévoyance, qui seront touchés", estime le docteur Denantes, très engagée auprès des plus démunis.

Depuis 1945, jamais les indemnités journalières n'avaient été réduites. Un premier changement de mode de calcul, en janvier 2011, avait provoqué une baisse de 1,4 %. Si la nouvelle mesure entre en vigueur, la diminution s'élèvera à près de 6 %.

Laetitia Clavreul

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