LEMONDE.FR | 19.01.12 | 18h56 • Mis à jour le 20.01.12 | 08h26
Pour 2012, l'Unedic s'appuie sur une prévision de croissance 0 %, qui aboutirait à la disparition de 123 000 emplois salariés, et à 140 500 chômeurs indemnisés en plus.AFP/JEFF PACHOUD
L'Unedic va afficher une dette record en 2012. Les prévisions publiées jeudi 19 janvier par l'organisme sont en effet très sombres. L'Unedic prévoit ainsi de perdre 4,3 milliards d'euros cette année, soit le deuxième déficit le plus élevé depuis 1990, après 2004. Mais surtout ce déficit va faire grossir la dette de l'organisme à plus de quinze milliards d'euros, un chiffre jamais atteint.
"Le ratio d'endettement sera toutefois de 47,5 % cette année, contre 49 % en 2005", veut rassurer Pierre Cavard, directeur étude et analyse, "mais cela ne veut pas dire que la situation est excellente. Ce qui nous préoccupe le plus est qu'une nouvelle phase de récession intervient, alors que la croissance n'a pas eu le temps de redémarrer depuis la crise de 2008-2009".
La plupart des chômeurs de la précédente crise n'ont ainsi pas eu le temps de retrouver un emploi, alors que de nouveaux viennent s'ajouter. Résultat : la dette de l'Unedic n'a pas eu le temps de se résorber. L'organisme affiche ainsi pour 2011 un déficit de près de 2,5 milliards d'euros, à peine moins qu'en 2010. L'Unedic n'a plus été bénéficiaire depuis 2008.
Pour 2012, l'Unedic s'appuie sur une prévision de croissance 0 %, qui aboutirait à la disparition de 123 000 emplois salariés, et à 214 200 chômeurs en plus, dont 140 500 chômeurs seraient indemnisés. Mécaniquement, les cotisations devraient donc augmenter nettement moins en 2012, l'Unedic ne prévoit une hausse limitée à 1,7 % de ses recettes, contre 3,6 % en 2011. De l'autre côté, la barre des 3 millions de chômeurs inscrits en catégorie A sera dépassée d'ici la fin de l'année, estime l'organisme, ce qui va forcément entraîner une hausse des demandes d'indemnités chômage et donc des dépenses.
Ces prévisions vont accroître le besoin de financement de l'Unedic, alors que la note de sa dette vient d'être dégradée par Standard & Poor's dans la lignée de celle de la France. "Une dégradation a déjà été largement anticipée par les marchés et ne devrait donc pas se ressentir sur nos emprunts à court terme, qui restent à des taux historiquement bas d'environ 1,3 %" avait toutefois fait valoir Vincent Destival, le directeur de l'Unedic, le 12 janvier.
Jean-Baptiste Chastand