Il faut le dire, aujourd'hui, le remède proposé n'est pas seulement économique ou financier, il est consubstantiellement antidémocratique. Le peuple grec refuse que son pays soit « vendu » aux « européens ». Il refuse que sa dignité de peuple libre soit foulée aux pieds par le FMI et la Commission européenne.
Le lien entre l'Europe et la liberté se déchire sous nos yeux et ce qui apparaît ce n'est que la loi terrible du marché. Ce qui se déroule aujourd'hui est tout simplement historique. On voit un peuple d'Europe se révolter contre la promesse européenne qui devait apporter au continent la paix, la prospérité, l'emploi, la croissance...
La faute à l’Etat ou à l’Union ?
Tout d'abord l'euro ne peut plus fonctionner comme il fonctionne. Encore une fois sur la question monétaire nous nous sommes aveuglés. En faisant Maastricht ses partisans ont tenté de faire passer l'incantation pour une perspective inéluctable : la monnaie unique entraînerait la convergence économique. Mais non.
Une monnaie est un marqueur identitaire
Nous avons l'économie de notre monnaie et la monnaie de notre économie. Elle est aussi l’illustration d’une identité voire d’un tempérament national. Or l'euro qui n'est aujourd'hui qu'un Mark bis, peut-il être la monnaie de la Grèce et de son économie ? Non. Peut-il être la monnaie de l'Espagne, de l'Italie, du Portugal ? Non. De la France ? Non.
L’Europe n’est pas allemande et ne le sera jamais. Pas plus qu’elle n’est française et ne le sera jamais. Or les monnaies ont besoin de ces marqueurs identitaires. Ce ne sont pas seulement des statistiques, des algorithmes, des valeurs boursières, des équations mathématiques.
Désillusions
Nouvelles baisses des pensions. Suppression de 15 000 fonctionnaires supplémentaires, baisse de 22 % du salaire minimum, baisse de 32 % du salaire minimum pour les moins de 25 ans, nouvelles privatisations...
Alors plutôt jouer avec le feu, prendre le risque de briser un pays, un peuple, une nation, une démocratie que de remettre en cause les raisons de la crise. L’euro est un carcan pour des pays, des économies qui ne peuvent s’aligner sur les critères allemands de productivité, de compétitivité, de déflation salariale, de tissu industriel très serré. Quel point commun entre l’économie allemande et grecque ?
Aveuglement
La situation grecque doit nous servir d’exemple et d’avertissement et il faut appeler un chat un chat : les mêmes causes entraîneront les mêmes effets. L’euro dans son fonctionnement actuel est en train de détruire l’Europe comme idée de coopération possible entre Etats Nations. Il s’attaque donc aux fondements même de la démocratie. La fuite dans je ne sais quel mirage fédéraliste ne fera que nous précipiter dans des impasses politiques et intellectuelles d’où sortiront le pire.
Les peuples n’accepteront pas d’être asservis et de voir leur histoire, leurs combats pour le progrès social, détruits sur l’autel d’intérêts particuliers. Il faut donc de façon urgente proposer un « Plan B » pour une monnaie qui nous fait désormais courir un risque majeur. Il ne faut pas chercher plus loin d’où vient la fameuse montée des « populismes ». Les souverainetés nationales existent, elles sont inséparables de la question sociale. Nous en avons encore une démonstration flagrante aujourd’hui. Mais il n’y a pas de pire aveugle que celui, ou celle, qui ne veut pas voir.
Premier secrétaire de la fédération du Nord du MRC
Secrétaire national du MRC
Conseiller régional Nord Pas de Calais