Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Le Monde.fr avec AFP | 21.03.2013 à 19h25
Le conseil général de l'Essonne a annoncé, jeudi 21 mars, qu'il allait engager une réflexion "sur la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap", dont une des pistes serait la création d'un statut "d'assistant sexuel". Si le service voyait le jour, il s'agirait d'une première en France. "On s'occupe de l'accès aux transports, du droit au logement, mais cet accès à la sexualité est un impensé total", a déclaré Jérôme Guedj, le président (PS) du département.
UNE "FORME DE PROSTITUTION"
La proposition a aussitôt fait réagir la députée PS de l'Essonne Maud Olivier, qui y voit une "forme de prostitution". "C'est une mauvaise solution qui enfermerait les personnes handicapées dans un ghetto sexuel, en évacuant les questions véritablement posées : le regard de la société, l'accessibilité, le respect de la vie intime et privée des personnes handicapées qui vivent en institution", écrit-elle dans un communiqué. "Plus que la satisfaction d'une 'pulsion', les personnes souffrant d'un handicap ont, au même titre que toute personne valide ou non, un besoin beaucoup plus large d'une vie sexuelle découlant d'une relation affective", considère-t-elle.
Le lancement de cette réflexion engagée par le département doit être entériné lundi à l'occasion de l'adoption par la collectivité du schéma départemental en faveur des personnes handicapées. Ce schéma prévoit aussi d'étendre la formation et l'information sur la vie affective et sexuelle des personnes handicapées.
VOYAGES D'ÉTUDE
Au début d'avril, un groupe de travail réunissant des associations et des juristes devrait être constitué, et des voyages d'étude, notamment en Suisse et en Belgique, où l'aide sexuelle est légale, sont prévus. Les conclusions de cette réflexion ne devraient toutefois pas être connues avant la fin de l'année.
"Il s'agit d'une initiative citoyenne, qui brave les interdits et les tabous", s'est réjouie Pascale Ribes, vice-présidente de l'Association des paralysés de France (APF), qui souhaite désormais "l'ouverture d'un débat public sur le sujet". "Il s'agit du dernier droit à conquérir pour les personnes en situation de handicap", a-t-elle souligné.
"UNE FEMME N'EST PAS LE MÉDICAMENT D'UN HOMME"
Certaines féministes, elles, sont "vent debout" contre cette idée et n'ont pas tardé à dénoncer une forme de prostitution. "Aujourd'hui, c'est pour les handicapés, demain ce sera pour les personnes âgées ?", s'est ainsi insurgée Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d'Osez le féminisme. "Une femme n'est pas le médicament d'un homme", a-t-elle poursuivi, rappelant que la proposition était en l'état "illégale".
En France, servir d'intermédiaire entre une personne qui se prostitue et une autre qui a recours à ses services, relève du proxénétisme. Les associations favorables à l'assistance sexuelle aux handicapés souhaiteraient une exception à la loi pénale pour l'autorisation de ces services.
AVIS DÉFAVORABLE DU COMITÉ CONSULTATIF D'ÉTHIQUE
Le débat a déjà rebondi en France. En 2011, le député UMP Jean-François Chossy avait proposé de légaliser le statut d'assistant sexuel. Dans un avis rendu public le 12 mars, le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) a émis un avis défavorable aux assistants sexuels pour les personnes handicapées, relevant des risques importants de dérives. Le comité préconise toutefois une formation des personnels soignants et éducatifs à la sexualité des patients.
Lire : Le Comité d'éthique contre la reconnaissance de l'aide sexuelle
Un film américain, sorti récemment en France, aborde ce sujet délicat : dans The Sessions, inspiré d'une histoire vraie, Mark, 38 ans lourdement handicapé après une attaque de poliomyélite, décide de recourir à une assistance sexuelle pour perdre sa virginité.