Source : www.reporterre.net
Marc Théry
jeudi 5 juin 2014
Sous les vivats de la presse et des politiques, deux nouveaux parcs éoliens en mer ont été attribués. Problème : ce secteur n’est pas rentable, il représente un surcoût important qui se répercutera sur la facture des consommateurs. Mais l’opération se fait au bénéfice des grands industriels.
Les questions énergétiques sont complexes, et on tient à les compliquer à l’infini, surtout quand on ne veut pas que le public sache et comprenne.
Il y a trois semaines, toute la presse française a été pleine des cris de joie des mondes politique et économique, à l’annonce de l’attribution par la ministre de l’écologie des deux parcs éoliens offshore, au large du Tréport, en Manche, et de Noirmoutier, face à la Vendée.
Sur ces deux parcs, d’une puissance de 500 MW (mégawatt) chacun, l’un n’avait pas été attribué lors du premier tour, en 2012, qui avait vu l’attribution de quatre autres parcs, de puissance similaire. Nous allons donc avoir, d’ici une dizaine d’année trois mille MW de puissance éolienne offshore installés le long de nos côtes.
Tout a été dit à cette occasion : les entreprises françaises, la technologie française (en fait allemande et espagnole, par le biais de rachat de sociétés), les énergies renouvelables françaises, sans oublier, bien sûr, l’emploi français qui va arroser tous nos pôles côtiers de la Manche et de l’Atlantique. « 10 000 emplois créés », a affirmé la ministre, madame Royal, une spécialiste de l’emploi « vert ».
Derrière la belle vitrine, des questions en suspens
Tout… ou presque : pas possible en effet de savoir combien vont nous rapporter toutes ces merveilles. Sur plusieurs dizaines d’articles, un seul abordait bien allusivement la question. Et pour cause : cette frénésie verte et française va, quand elle sera toute en activité, nous coûter, à nous consommateurs, 1,5 milliards d’euros par an.
Ceci va se retrouver sur l’énigmatique ligne CSPE de nos factures d’électricité, fourre-tout opaque, largement exploité par les contempteurs des énergies renouvelables, toutes mises dans le même sac, et bien d’autres choses encore.
Les contrats conclus dans le cadre du fameux appel d’offres « éolien offshore » attribuent un surcoût de 160 €/MWh (Mégawatt-heure) à cette production (0,16 €/kWh - kilowatt-heure -), toujours Hors Taxe, sur un prix de base de 40 à 60 €/MWh, soit un prix de rachat final obligatoire entre 200 et 220 €/MWh HT.
Pour comparer, l’éolien terrestre aujourd’hui est à un prix de rachat contractuel moyen de 70 €/MWh HT, soit un poids actuel sur la CSPE de 10 à 30 €/MWh, et bientôt plus rien, vu la vitesse à laquelle les autorités révisent les prix du nucléaire.
2 % de production pour un surcoût de 5 %
Globalement, ces parcs vont produire environ 10 TWh/an (térawatt-heure), soit autour de 2 % de la consommation française, mais leur surcoût va alourdir la facture globale (part production) de plus de 5 % : 1,5 Mrd €/an. On comprend pourquoi les autorités sont discrètes sur le sujet… Ce qui fera une subvention annuelle de 150 000 € par emploi créé : on peut vivre, avec ça. On a à faire, répétons-le, à des spécialistes !
Pendant ce temps, tout est fait pour décourager l’éolien terrestre, pourtant lui aussi créateur d’emplois, sans doute pas assez bien payés pour tout ce beau monde. Et pourtant, le potentiel inexploité reste immense sur terre, pourvu qu’on ne s’emploie pas à ériger sans cesse des barrières comme s’il en pleuvait, et que l’on favorise l’investissement participatif local, qui implique la population et lui donne un intérêt économique.
Silence radio dans les médias...
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