Souce : lemonde.fr
Le Monde.fr avec AFP | 24.11.2013 à 20h51 • Mis à jour le 24.11.2013 à 21h32
Le président égyptien par intérim a promulgué dimanche 24 novembre une loi très contestée, permettant aux autorités d'interdire des réunions ou des manifestations susceptibles de menacer la sécurité publique.
Le texte, qui provoque depuis des semaines l'ire des défenseurs des droits de l'homme, prévoit des peines d'un à cinq ans de prison ferme pour des délits allant du port de la cagoule à celui d'armes lors de défilés ou de rassemblements, a annoncé le porte-parole de la présidence. La loi oblige par ailleurs les organisateurs à informer les autorités de leur manifestation au moins trois jours avant sa tenue. Ces derniers doivent également fournir leurs coordonnées, le lieu et le trajet du cortège, leurs revendications et les slogans scandés. Si elle représente une "menace pour la sécurité", le ministre de l'intérieur peut décider d'interdire toute manifestation.
UNE "APPROCHE OPPRESSIVE" DÉNONCÉE
Alors que le pays est en proie à des violences régulières depuis la destitution contestée par les islamistes du président Mohamed Morsi, le 3 juillet, la réforme prévoit, en cas de heurts, une "utilisation graduée de la force", allant d' "avertissements verbaux au tir de chevrotines, en passant par les matraques et les gaz lacrymogènes".
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Une vingtaine d'organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé "l'approche oppressive" du gouvernement, ainsi qu'une réforme qui "criminalise les manifestations et les réunions publiques". Plusieurs ONG, de même que l'ONU, avaient également réclamé l'abandon du texte, accusant les autorités égyptiennes de vouloir revenir sur les acquis de la révolution populaire de 2011.
Cette réforme intervient alors que le nouveau pouvoir a lancé une vague de répression visant la confrérie des Frères musulmans. Plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont été tués depuis la mi-août, et plus de 2 000 Frères ont été arrêtés. Dimanche, les partisans de Mohamed Morsi ont pourtant défilé dans différentes villes du pays, appelant quasi-quotidiennement à la mobilisation.
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