Les Pussy riot, un groupe punk féministe, composé de cinq jeunes militantes, avaient brièvement entonné, cagoulées et vêtues de couleurs vives, une joyeuse « prière punk », baptisée « Ste Vierge, débarrasse nous de Poutine », dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou le 21 février 2012.
Cette histoire avait suscité de vives réactions. Accusées de profanation et de blasphème, trois d’entre elles avaient été arrêtées et jugées fin août 2012. Tandis que ses deux amies étaient déportées dans des camps où elles purgent actuellement leur peine, Katia avait été relâchée le 10 octobre. « Je ne m'attendais pas du tout à être libérée », confait-elle à l'Express quelques jours après cette décision.
« Beaucoup de gens ont cru, à tort, à une attaque anti-chrétienne ! Mais c’est parce que l’on leur a martelé cela, et qu’ils sont mal informés», explique la jeune trentenaire, depuis son appartement moscovite via skype, coiffée d’un casque, l’air juvénile, à la fois réservée et déterminée. Il n’y a jamais eu de sens religieux à leur action : « L’objectif était de faire réagir le public en utilisant les mêmes symboles que le pouvoir, car Poutine a récupéré les symboles cléricaux pour asseoir sa politique ». Pourtant, le « happening » des Pussy riot a beaucoup indigné en Russie.
Et tout au long du procès, la composante religieuse a monopolisé le débat. Finalement, deux membres des Pussy riot sur trois demeurent en détention. Leur état de santé est relativement acceptable. « Nadia a souvent des mots de tête, mais le plus grave c’est qu’elle ne peut pas voir son enfant », indique Katia.
Accusée d’extrémisme
À tel point que certains artistes reconnus sont réticents à l’idée de manifester à ses côtés. « C’est une façon se protéger. Les artistes ne veulent pas avoir de problème. C’est pourquoi on ne veut pas laisser entrer les Pussy Riot dans ce monde des artistes reconnus ».
N’en déplaise à Depardieu. Lorsqu’on demande à Katia si elle voudrait la nationalité française, elle répond d’un sourire amusé qu’elle serait ravie d’être « citoyenne française et même du monde » et de voyager. Mais tout de suite elle recentre le sujet : « On n’a pas fait tout cela pour rien. Il faut continuer la lutte. »