LEMONDE.FR avec AFP | 29.12.11 | 20h28
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, ici le 14 septembre à Paris.AFP/THOMAS SAMSON
L'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, inculpé dans le volet financier de l'affaire Karachi, un scandale lié à des ventes d'armes, avait été contrôlé en juillet 1994 par les douanes françaises à la frontière suisse avec une forte somme en liquide dans sa voiture, a assuré, jeudi 29 décembre, le site Médiapart.
A en croire un procès-verbal de la direction générale des douanes cité par Mediapart, M. Takieddine a été interpellé le 28 juillet de cette année-là à un poste-frontière avec la Suisse, à Ferney-Voltaire, en possession de 500 000 francs (76 000 euros actuels) dissimulés sous un siège de sa voiture.
Interrogé par un agent des douanes, il aurait déclaré avoir retiré cette somme dans un coffre lui appartenant dans une banque suisse, selon Mediapart, qui précise que les douaniers ont saisi les "marchandises en fraude [numéraire]" et que M. Takieddine a ensuite subi un contrôle fiscal.
"J'AI PAYÉ UNE AMENDE ET JE SUIS REPARTI"
Contacté par l'AFP, M. Takieddine a reconnu l'existence de ce contrôle mais a précisé qu'il n'avait rien à voir avec les procédures judiciaires le visant, notant que cette somme était destinée à des dépenses personnelles. "J'ai payé une amende et je suis reparti," a-t-il souligné. Dans la tentaculaire affaire Karachi, M. Takieddine a notamment été mis en examen en septembre pour complicité et recel d'abus de biens sociaux.
>> Voir l'infographie : "Comprendre l'affaire Karachi en trois minutes"
Les magistrats cherchent à déterminer si d'éventuelles rétrocommissions en marge de contrats d'armement conclus en 1994 avec le Pakistan (sous-marins Agosta) et l'Arabie saoudite (frégates Sawari II) auraient pu servir au financement illicite de la campagne présidentielle de l'ex-premier ministre Edouard Balladur en 1995.
Hélène Gaubert, l'épouse d'un ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, avait affirmé aux enquêteurs que M. Takieddine s'était rendu en Suisse avec son époux sur la période 1994-1995 afin de récupérer des valises "volumineuses de billets" qui étaient ensuite récupérées par le directeur de campagne de M. Balladur. Des accusations rejetées par les intéressés qui ont été inculpés. Nicolas Sarkozy était à l'époque l'un des plus proches collaborateurs de M. Balladur.