L'opération «Pilier de défense» lancée mercredi par l'armée israélienne a causé la mort de vingt Palestiniens ce dimanche, journée la plus meurtrière. Il s'agit en majorité de femmes et d'enfants. Dix d'entre eux, dont quatre femmes et quatre enfants, ont été tués dimanche après-midi dans le quartier de Nasser, situé au nord de la ville de Gaza. Huit de ces dix personnes faisaient partie de la même famille. Leur mort a été provoquée par une frappe aérienne sur leur immeuble. Le bâtiment a été totalement rasé par l'explosion, et les sauveteurs tentaient de dégager les décombres en début de soirée. Le correspondant d'Al-Jazira sur place :
La mort de ces enfants et de la famille entière à Nasser ont fait réagir les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas au pouvoir à Gaza. « Le massacre de la famille Dallou ne restera pas impuni », ont indiqué les brigades en fin de journée. « Ce massacre prouve que l'occupant se venge sur les civils de son échec militaire. Les Israéliens vont payer », a renchéri Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.
Une série de raids israéliens dans le centre et le nord du territoire palestinien a causé la mort de cinq hommes. Plus tôt dans la journée, six Palestiniens, dont quatre enfants, ont été tués dans le centre. Parmi ces trois enfants se trouvaient un frère et une sœur de 3 et 1 an.
A Tel Aviv, en Israël, les sirènes ont à nouveau retenti plusieurs fois dans la journée pour signaler de nouvelles attaques à la roquette. Deux roquettes ont été interceptées par le système antimissile déployé par Israël et nommé «Iron Dome», selon la police. Un immeuble de quatre étages a tout de même été touché et plusieurs appartements ont subi d'importants dégâts. Sept Israéliens ont été blessés.
Dans la nuit de samedi à dimanche, l'aviation israélienne a par ailleurs bombardé deux centres de presse à Gaza, blessant au moins huit journalistes palestiniens. RSF a condamné ces bombardements. « Ces attaques représentent une obstruction à la liberté de l’information. Nous rappelons aux autorités israéliennes que les médias disposent, selon le droit humanitaire, des mêmes protections que les civils et ne sauraient être considérés comme des objectifs militaires », a déclaré Christophe Deloire, directeur général de l’organisation, dans un communiqué.
Voir une vidéo de la chaîne al-Arabiya sur l'un de ces immeubles :
Samedi, le siège du Hamas avait déjà été totalement détruit par les avions israéliens.
Improbable trêve
L'opération « Pilier de défense » est la plus importante dans la bande de Gaza depuis l'opération de décembre 2008-janvier 2009. Cette opération a début mercredi avec l'assassinat par un raid d'avion du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmad Jaabari. On décompte 69 morts depuis ce jour : 66 Palestiniens, dont au moins la moitié de civils, et trois Israéliens, tous civils.
Israël ne semble toujours pas évacué la possibilité d'une intervention terrestre : le gouvernement a mobilisé des milliers de réservistes et des transports de troupes blindés, des bulldozers et des chars ont été déployés près de la barrière qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien.
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a d'ailleurs prévenu qu'Israël était prêt à « étendre significativement » ses opérations:
Solution faiblement critiquée par le président américain Barack Obama et le ministre britannique des affaires étrangères William Hague. Obama a certes indiqué qu' « Israël est en droit d'attendre que des missiles ne soient pas tirés sur son territoire », mais il a ajouté : « Si cela peut être accompli sans l'accroissement des activités militaires à Gaza, c'est préférable ». De son côté, William Hague a estimé qu'une intervention terrestre pourrait« coûter une grande partie »de son soutien international à Israël et« menacerait de prolonger le conflit ».
La déclaration de Barack Obama :
La diplomatie tentait en tout cas de réunir les conditions d'une trêve dimanche. Un responsable israélien s'est ainsi rendu au Caire pour en discuter avec les autorités égyptiennes. Le président égyptien, Mohamed Morsi, avait évoqué samedi des contacts entre les deux parties et affirmait avoir « quelques indications sur la possibilité d'un cessez-le-feu bientôt ».
De son côté, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, est arrivé dimanche en Israël pour tenter de jouer le médiateur.« La guerre doit être évitée et peut être évitée », a-t-il déclaré sur place. Il a rencontré à Ramallah le président palestinien Mahmoud abbas, qui ne contrôle absolument pas la bande de Gaza. Le ministre israélien Avigdor Lieberman a affirmé que les conditions qui permettraient à Israël d'accepter une trêve sont que« tous les groupes armés palestiniens de Gaza stoppent leurs tirs ». Dans le même temps, un responsable du Hamas à Gaza demandait lui« la levée du blocus injuste de Gaza et l'arrêt des fréquentes agressions et assassinats israéliens ». Autant de déclarations qui semblent rendre toute trêve impossible en l'état.