Les trois grandes centrales italiennes dénoncent le fait que de nombreux Italiens ayant signé un accord de licenciement leur permettant de toucher le chômage avant d'avoir droit à leur retraite vont se retrouver sans revenu lorsque leurs droits au chômage seront épuisés en raison du relèvement de l'âge de départ en retraite introduit par la réforme. Le gouvernement, qui pointe du doigt un "alarmisme injustifié", assure que les personnes se trouvant dans ce cas sont 65.000 et qu'elles ne se retrouveront pas sans revenu, les sommes nécessaires ayant déjà été mises de côté.
Mais les syndicats rejettent ce chiffre et affirment que les sacrifiés de la réforme seraient au nombre de 350.000. "Les promesses, ça suffit", "Ensemble avec ceux qui se retrouvent sans travail, sans revenu et sans retraite", pouvait-on lire derrière le podium sur lequel les leaders syndicaux ont pris la parole. Des pancartes humoristiques émaillaient le cortège dont une montrant un retraité en train de sauter par dessus un plat de spaghettis avec pour légende: "le retraité italien, champion du saut de repas".
Rejetant une réforme "erronée" et appelant le gouvernement à faire "machine arrière", la secrétaire générale de la CGIL, le premier syndicat du pays, Susanna Camusso, a brandi la menace d'autres manifestations. "Nous ne laisserons pas les travailleurs seuls", a-t-elle assuré. Le numéro un de l'UIL, Luigi Angeletti, a accusé de son côté le gouvernement de technocrates de Mario Monti de "se moquer" des syndicats.
"Ceux qui ont signé des accords pour partir en retraite avec les anciennes règles doivent pouvoir partir. Nous ne voudrions pas avoir à faire la leçon à un gouvernement de professeurs sur ce qu'est un Etat de droit. Il doit y avoir une solution pour tous", a-t-il insisté.
Alors que l'Italie était menacée d'être emportée par la crise de la dette, le gouvernement de Mario Monti avait fait adopter en décembre une lourde réforme des retraites allongeant la durée des cotisations et relevant l'âge de départ.
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ROMEhttp://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6E8FD46820120413
13 avril (Reuters) - Des milliers de manifestants ont défilé sous la pluie vendredi dans le centre de Rome pour dénoncer la réforme des retraites du gouvernement de l'ancien commissaire européen Mario Monti, adoptée en décembre dernier.
La CGIL, la principale centrale syndicale du pays, avait appelé à cette manifestation avec la CISL et l'UIL, deux confédérations plus modérées.
Cette mobilisation illustre un mécontentement grandissant contre les réformes économiques du gouvernement de "techniciens" formé à la fin de l'an dernier par Mario Monti pour faire face aux défis budgétaires.
"Ce sont des technocrates qui jonglent avec les chiffres sans se rendre compte que, derrière ces chiffres, il y a la vie de millions de gens", a déclaré l'un des manifestants, Antonio Lupano, 58 ans, ancien ouvrier du livre aujourd'hui à la retraite.
La ministre du Travail, Elsa Fornero, estime que 65.000 salariés prenant une retraite anticipée seront affectés par les réformes en cours, qui relèvent notamment l'âge légal de la retraite dans certains secteurs.
Elle affirme que les amendements au projet originel permettront d'assurer une couverture sociale adaptée à toutes les personnes concernées. Mais pour les syndicats, ce sont 300.000 salariés qui risquent de se retrouver du jour au lendemain sans emploi ni retraite.
Dans le cortège romain, Silvana Garzia, une Napolitaine de 57 ans qui travaillait à Telecom Italia et vient de prendre sa retraite anticipée, explique qu'elle risque de ne rien toucher pendant six ans. "Encore une fois, ce sont les plus pauvres qui paient et personne d'autre", dit-elle.
Le mécontentement est également nourri par le projet de loi sur la réforme du code du travail italien, que le gouvernement souhaite faire adopter avant l'été et qui prévoit un assouplissement des règles de licenciement. (voir ) (Steve Scherer avec Francesca Piscioneri, Guy Kerivel pour le service français)
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