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21 avril 2013 - Réagir à cet article
Ils voulaient célébrer « les un an de non changement ». Un groupe d'« indignés » de Vannes s'en est pris, sans violence, à l'agence bancaire de la BNP d'Auray hier matin. Celle-ci a dû fermer. Et va porter plainte.
Pourquoi Auray ? « Pour décentraliser nos actions ». Après en avoir mené plusieurs à Vannes et Lorient, le groupe des « indignés » de Vannes avait choisi Auray hier matin pour célébrer, avec quelques jours d'avance, « les un an de non-changement et de non-réforme bancaire ». Les « indignés » morbihannais s'étaient donné rendez-vous à 9 h 30 devant le Monoprix de la rue Maréchal-Foch. Mais leur véritable objectif se situait 300 mètres plus haut, à l'agence bancaire de la BNP de la rue Aristide-Briand. Les treize militants ayant répondu à l'appel ont investi le lieu à 10 h. En costumes, souvent datés, et pour trois d'entre eux le visage masqué, ils se sont alors mis à psalmodier en boucle un « Je vous salue Marie » on ne peut plus païen. Le texte n'était pas d'eux. Quoi que moins connu que l'« Ave Maria », il avait pourtant eu son heure de gloire le 20 janvier 2012 lorsque François Hollande l'avait prononcé au Bourget à l'occasion de son premier grand meeting de campagne.
« Appeler les flics »
« Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, pas de visage (...) Cet adversaire, c'est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l'économie, de la société et même de nos vies ». La scène n'a pas amusé les employés de la banque plus de 30 secondes. Le ton est rapidement monté : « Sortez ! On va appeler les flics ! ». Rien n'y a fait, ni les mises en demeure, ni une première tentative avortée de baisser le rideau métallique séparant l'espace réservé aux machines et celui où évolue le personnel. Les militants ont continué leur mise en scène, s'allongeant même sur le sol comme pour figurer la mort du peuple, victime de la finance. L'arrivée rapide de la gendarmerie puis de la police municipale n'a pas fondamentalement changé la donne. Sinon qu'à 10 h 30 tout le monde s'est retrouvé dehors, devant une banque fermée. Elle ne rouvrira plus de la matinée. À l'extérieur, les indignés ont distribué des tracts aux passants et automobilistes, et dénoncé au porte-voix aussi bien Sarkozy (« Il n'y a plus de paradis fiscaux, on a tout moralisé ») que Hollande (non-réforme bancaire, affaire Cahuzac) et la BNP, accusée d'avoir « 360 filiales dans les paradis fiscaux ».
Plainte de la banque
Le tout se voulait festif (gâteau d'anniversaire géant, cotillons, aspersion au cidre) et se conclut en tout cas sans incident vers 12 h, les manifestants prenant même le soin d'effacer les inscriptions sur les surfaces vitrées de la banque. Après cette matinée de fermeture forcée, le responsable des agences du Pays d'Auray, qui déplorait « la forme de l'action et le fait de ne pas pouvoir travailler », affichait l'intention de porter plainte.
- Benoit Siohan
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