
Angela Merkel a tranché – l’Allemagne n’accordera pas d’asile au «lanceur d’alerte» Edward Snowden qui avait, lors d’une rencontre avec le député vert Hans-Christian Ströbele à Moscou, exprimé son souhait de venir en Allemagne. Mais les autorités allemandes ne savaient pas sur quel pied danser. Après des déclarations assez confuses de la part de toutes les sensibilités politiques, la chancelière a pris sa décision – Edward Snowden ne pourra pas venir en Allemagne.
L’humanisme et la transparence importent donc peu au gouvernement allemand –qui préfère garder de «bonnes relations» avec les Etats-Unis qui eux, se fichent pas mal des relations avec d'autres pays. Si les conservateurs ne voulaient surtout pas que l’Allemagne accorde l’asile à Edward Snowden (mais pourquoi ? de peur que le monde découvre que le BND allemand se comporte de la même manière que la NSA ?), le SPD, les Verts et Die Linke voulaient bien accueillir Snowden en Allemagne. Pourtant, juridiquement, l’Allemagne aurait pu accorder l’asile à Snowden, à condition de déclarer cette démarche «dans l’intérêt de la politique nationale» ou en admettant le statut de Snowden comme «réfugié politique». Mais Angela Merkel craignait la réaction américaine.
En tant qu’Allemand, on ressent soudainement le poids de l'histoire allemande. Au lieu de sécourir un réfugié politique, poursuivi pour avoir dit la vérité, l'Allemagne se cache derrière l'excuse d'une situation juridique non adaptée à la situation. Le fait que le seul droit violé serait éventuellement le droit américain, un droit injuste ayant puni un autre «lanceur d’alerte», Brad Manning à 30 ans de prison, suffit aux Allemands pour s’exécuter. L’ambiance en 1945 a du être la même, lorsque les terribles juges du Troisième Reich se cachaient derrière l’excuse qu’ils étaient obligé de suivre le droit imposé par les Nazis. Et combien d’Allemands avaient trouvé réfuge dans d’autres pays qui, comprennant l’urgence humanitaire des réfugiés allemands du III. Reich, les avaient accueillis. Mais l’Allemagne semble avoir déjà oublié son histoire.
Vient s’ajouter une arrogance allemande totalement déplacée. Généreusement, les conservateurs se déclarent prêts à «interroger» Edward Snowden en Russie, évitant ainsi tout problème avec les USA. Mais quelle raison pourrait alors pousser Edward Snowden à coopérer avec un gouvernement qui s'est ouvertement rangé du côté de ceux qui ont aboli les libertés individuelles et qui lui refusent tout soutien ? Quelle arrogance de vouloir «interroger» l’icône de la liberté Edward Snowden comme un criminel commun !
Avec son comportement, le gouvernement allemand montre clairement où se situe actuellement son problème. Son problème, ce ne sont pas les 80 millions d’Allemands espionnés, son problème réside dans le fait que des membres du gouvernement aient été espionnés comme des citoyens ordinaires. Est-ce vraiment la mission d’Edward Snowden de coopérer avec des gens tellement éloignés du principe de la démocratie ? Coopérer avec des collaborateurs du système d'un «facisme numérique» américain ?
Malheureusement, on ne peut que conseiller à Edward Snowden de chercher un autre havre de paix. L’Allemagne n’a pas mérité les vérités d’un Edward Snowden. Et tout le pays devrait avoir honte d’avoir élu un gouvernement prêt à trahir les droits fondamentaux. Une honte !