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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 17:27

 

 

LE MONDE | 12.03.2013 à 14h24 • Mis à jour le 12.03.2013 à 17h42 Par Camille Hamet et Claire Rainfroy


 

 

Des personnes handicapées participent à un colloque européen sur la sexualité des handicapés organisé par l'Association des paralysés de France, l'Association française contre les myopathies et Handicap International, en 2007, au parlement européen de Strasbourg. Le thème souvent tabou des "aidants sexuels", chargés de l'"accompagnement sexuel" des handicapés, sera abordé lors du colloque qui se tient jusqu'au 28 avril en présence de plus de 200 spécialistes, professionnels et personnes Des personnes handicapées participent à un colloque européen sur la sexualité des handicapés organisé par l'Association des paralysés de France, l'Association française contre les myopathies et Handicap International, en 2007, au parlement européen de Strasbourg. Le thème souvent tabou des "aidants sexuels", chargés de l'"accompagnement sexuel" des handicapés, sera abordé lors du colloque qui se tient jusqu'au 28 avril en présence de plus de 200 spécialistes, professionnels et personnes | AFP/FREDERICK FLORIN

 

Les personnes lourdement handicapées peuvent-elles se faire aider de professionnels spécialisés pour accéder au plaisir et à leur sexualité ? Non, vient de répondre le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), dans un avis rendu public lundi 11 mars, dans lequel l'instance se déclare défavorable à la reconnaissance du métier d'assistant sexuel pour les personnes handicapées. "Il n'est pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain", relève le CCNE, qui avait été saisi en 2011 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la solidarité et de la cohésion sociale du gouvernement Fillon.

Reconnus aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, les assistants sexuels aident les personnes handicapées - mentales et physiques - à découvrir ou à redécouvrir leur corps comme source de plaisir, le temps de quelques séances tarifées. Leur intervention peut aller du simple contact peau à peau et de la caresse à la masturbation, voire à la pénétration. En Suisse, c'est l'association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) qui forme des professionnels de santé spécialisés dans l'aide corporelle à l'exercice de la sexualité.

En France, la revendication de l'accès à la sexualité s'est inscrite dans le mouvement de reconnaissance des droits des personnes handicapées, engagé notamment par la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances. Des pratiques d'assistance sexuelle ont aujourd'hui lieu, mais sans cadre légal. Lourdement handicapé, Marcel Nuss, qui souffre d'une amyotrophie spinale, revendique y avoir eu recours. "Cette aide redonne confiance et estime de soi, explique l'auteur de Je veux faire l'amour (Autrement, 2012). Elle m'a apporté énormément aux niveaux physique et psychologique."


INITIATIVE PRIVÉE

Le CCNE, sans nier la souffrance et la solitude de beaucoup de personnes handicapées, se refuse à envisager tout cadre légal pour l'assistance sexuelle. Il assimile ce service à de la prostitution, "sauf à en faire une activité non rémunérée". Il ne préconise pas l'exception à la loi pénalisant le proxénétisme pour les directeurs d'établissement, parents et auxiliaires de vie qui mettent en relation une personne handicapée avec un assistant sexuel, comme le réclame l'association de militants CH(s) OSE.

Tout en reconnaissant qu'il existe des droits liés à la sexualité, le CCNE estime que l'aide sexuelle aux handicapés ne relève pas de la responsabilité de l'Etat, mais d'une initiative privée : "Il semble difficile d'admettre qu'[elle] relève d'un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société", est-il écrit. La création d'une filière spécifique ou d'une spécialisation, et a fortiori le remboursement de cette assistance, sont donc exclus. D'autant que "le risque de dérives est très important, pour les aidants comme pour les bénéficiants", insiste Anne-Marie Dickelé, psychologue, rapporteure de l'avis. Le comité d'éthique pointe ainsi des "situations d'abus de la part des aidants comme les chantages dont ils peuvent être eux-mêmes victimes".

En revanche, le CCNE recommande aux autorités publiques de "promouvoir la formation des personnels soignants et éducatifs tant sur la question de la sexualité que sur le questionnement éthique" et de "soutenir les recherches et initiatives existantes : certains responsables d'établissement sont assez avancés dans des projets expérimentaux consistant en particulier à aider des couples formés de personnes handicapées à s'installer en milieu ordinaire".

Déçus sans être vraiment surpris par cet avis, c'est ainsi que l'on pourrait résumer le sentiment de ceux qui militent pour l'instauration de l'assistance sexuelle. "Cet avis s'inscrit dans la droite ligne de la politique française sur la prostitution, regrette le philosophe Norbert Campagna, auteur de La Sexualité des handicapés : faut-il seulement la tolérer ou aussi l'encourager ? (Labor et Fibes, 2012). L'accompagnement sexuel joue pourtant un rôle fondamental dans l'accès à la sexualité pour ces personnes qui n'ont pas les mêmes possibilités que tout un chacun." Chez Pascale Ribes, présidente de l'association CH(s) OSE, c'est la "colère" qui domine : "Associer la prostitution à l'assistance sexuelle est un faux débat", dit-elle. "Pourquoi tant de prudence ?", s'interroge quant à elle Sheila Warembourg, sexologue membre du Collectif handicaps et sexualités, qui assure que l'assistance sexuelle est un véritable besoin pour certains de ses patients. Elle insiste aussi sur la nécessaire formation des aidants sexuels.

 

 "QUESTION LÉGITIME"

Du côté des opposants à l'assistance sexuelle, l'avis du CCNE a reçu un accueil bien plus chaleureux. Maudy Piot, présidente de l'association Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA), se dit "ravie". "Il faut répondre à la souffrance affective et sexuelle de ces personnes, mais l'assistance sexuelle n'est pas la bonne solution, affirme-t-elle. Pour nous, cela s'apparente à de la prostitution dès lors qu'il s'agit de marchander son corps." Comme FDFA, l'association Mouvement du nid milite pour l'abolition de la prostitution. Son secrétaire général, Grégoire Thery, invoque également "la dignité de la personne handicapée", pour s'opposer à la mise en place d'une assistance sexuelle. "Elle renforce la ghettoïsation et la discrimination, avance-t-il. Les personnes handicapées ont le droit à la même vie affective et sexuelle que les autres."

"Notre propos n'était pas de prendre parti, mais de fournir un maximum d'éléments de réflexion", assure François Beaufils, professeur de pédiatrie, également rapporteur de l'avis du comité d'éthique. Cette réflexion revient toujours au gouvernement, qui pourrait finalement se saisir d'un débat promis pendant la campagne présidentielle par le candidat François Hollande, mais jusque-là soigneusement évité. "La réflexion sur la vie affective, sentimentale et sexuelle des personnes en situation de handicap doit avoir lieu, indique ainsi Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. C'est une question légitime qui doit être étudiée de façon sereine. Le débat ne doit pas se résumer à la seule question des assistants sexuels."

Camille Hamet et Claire Rainfroy

 

A l'étranger, une aide sexuelle légale et encadrée


Les Etats-Unis, pays précurseur C'est aux Etats-Unis que le statut d'assistant sexuel a pour la première fois été reconnu. En partie encouragées par les travaux de deux chercheurs américains, William Masters et Virginia Johnson, les sexual surrogates firent leur apparition dans les années 1980. Si la législation qui entoure leur statut y diffère selon les différents Etats du pays, leur activité est autorisée.

En Europe Les Pays-Bas sont le premier pays à permettre l'accompagnement sexuel des personnes handicapées, dans les années 1990. Dans la foulée, d'autres pays ont autorisé l'activité, à l'image du Danemark, de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Belgique ou bien de l'Italie.

Formation C'est en Suisse que le statut d'assistant sexuel est le plus encadré. En 2008, l'association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) lance la première formation francophone en assistance sexuelle. Ne devient pas assistant sexuel qui veut : l'association y opère une sélection rigoureuse. Entre autres obligations, celle d'un casier judiciaire vierge, de connaissances préalables en matière de handicap ainsi qu'une forte motivation.

L'association a formé six hommes et six femmes entre 2008 et 2009. Le coût de la formation, de 2 500 euros, n'était pas remboursé par les assurances de santé suisses. Au programme, ateliers pratiques, apprentissage des techniques de massages, mais aussi cours de psychologie. Après 300 heures de formation, 10 assistants sexuels ont été certifiés par SEHP. En 2009, l'association n'a pas renouvelé cette formation.

Depuis juin 2009, 80 personnes handicapées, en très grande majorité des hommes, se sont adressées à l'association.

 

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