Les dirigeants des partis politiques grecs se réunissent mardi 15 mai à Athènes pour tenter d'éviter au pays de nouvelles élections et rassurer la zone euro. Cette rencontre doit être précédée d'un tête à tête entre le chef de l'Etat grec Karolos Papoulias et le conservateur anti-austérité Panos Kammenos.
La Grèce se trouve en effet dans l'impasse politique depuis les élections législatives du 6 mai, les chefs de partis n'ayant pour le moment pas réussi à s'accorder quant à la formation d'un nouveau gouvernement. Lundi soir, Karolos Papoulias a abattu sa dernière carte en proposant une gouvernance emmenée par des personnalités non politiques.
Panos Kammenos a été appelé en renfort des trois partis qui tentent d'éviter une sortie du pays de l'euro, après avoir été dans un premier temps tenu à l'écart des tractations entre conservateurs, socialistes et gauche. Son parti nationalo-populiste, "Anexartitoi Ellines" [Grecs indépendants, NDLR], a remporté 33 sièges sur 300 aux législatives du 6 mai.
Le dirigeant de la gauche radicale du Syriza, propulsé deuxième force politique du pays pour son rejet total des recettes UE-FMI d'austérité, a accepté de participer à la réunion de mardi. Seuls le parti communiste KKE, qui campe sur un isolement assumé, et la formation néonazie "Chryssi Avghi" [Aube Dorée, NDLR] seraient absents.
L'annonce de la proposition de Karolos Papoulias a été faite par le chef du Pasok socialiste Evangélos Vénizélos à l'issue d'une nouvelle réunion - jusque-là présentée comme de la dernière chance - au palais présidentiel avec les dirigeants conservateur, Antonis Samaras, et de la gauche modérée, Fotis Kouvelis.
Pour être soutenu au Parlement, un gouvernement de technocrates doit pouvoir prétendre réunir 151 députés au moins, sur les 300 que compte le Parlement.
La Constitution ne limite pas le temps donné à Karolos Papoulias pour tenter d'arracher un accord des chefs politiques à son projet. Mais le délai expirera de fait à la formation, le 17 mai, du nouveau Parlement.
Evangélos Vénizélos, dont le parti a été laminé par les électeurs le 6 mai (41 députés seulement), a immédiatement apporté son soutien à la proposition du chef du gouvernement, qu'Antonis Samaras s'est également dit prêt à examiner en invoquant le "mandat du peuple" en faveur, selon lui, d'une coalition gouvernementale. Son parti, la Nouvelle démocratie, a obtenu 108 sièges de députés.
Fotis Kouvelis a, lui, réitéré son refus d'un attelage gouvernemental auquel ne participerait pas son rival à gauche, Alexis Tsipras. Cette position, également avancée par Antonis Samaras, a bloqué la formation, jugée la plus probable dans un premier temps, d'une équipe associant le Dimar [Dimokratiki Aristera, la Gauche démocrate, NDLR] aux conservateurs et aux socialistes, qui bénéficierait pourtant d'une large majorité de 168 sièges sur 300.
Professant leur attachement à l'euro, la Nouvelle démocratie, le Pasok et Dimar ont émis des propositions proches en vue de la formation d'un gouvernement "de deux ans" ayant pour but la renégociation et l'allègement des mesures de rigueur imposées depuis 2010 par les bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, et fortement contestées lors du scrutin du 6 mai.
Si la dernière tentative de Karolos Papoulias échouait, la Grèce s'acheminerait vers de nouvelles élections le 17 juin, qui pourraient voir le Syriza arriver en tête.