Notre Angelopoulos enterré vendredi, ce week-end, on tourne encore, mais autour de la dette. Restructurer, brader le pays, transférer son cadre juridique vers le droit britannique «
pour ainsi ouvrir la porte à une intervention même armée contre nous, si les exigences des créanciers ne sont pas satisfaites », comme certains analystes prétendent déjà. Flottements et incertitudes. Mais au moins il y a du concret du côté allemand, «
On doit faire comprendre [aux Grecs]
qu'il ne peut y avoir de l'argent que si le pays est dirigé de manière rigoureuse, au besoin par un commissaire mis en place par l'UE ou les pays de la zone euro », a déclaré Volker Kauder, chef du groupe parlementaire des Unions chrétiennes (CDU-CSU, parti de la chancelière Angela Merkel) dans un
entretien jeudi à l'édition en ligne du magazine
Der Spiegel . Commissaire ou alors administrateur d'un
Gau, subdivision territoriale de l'Euroland allemand ?
Dans la rue et dans la blogosphère grecque on se dit qu'il s'agit sans doute de nous imposer un nouveau
Gauleiter et que cette déclaration de Volker Kauder (traité de tous les noms d'oiseaux), équivaut à une déclaration de guerre. Ultimatum donc ? Et les
hedge funds outre Atlantique ? Les Papadémiens de la cohabitation gouvernementale s'agitent dans leur bocal, pensant sans doute que seul le présent est érigé en norme en dépit de son (et de leur) caractère périmé. Piégés ainsi, ministres minables et députés artificiellement gonflables se disputent la pomme désormais pourrie de la discorde. Ceux du P.S. notamment, qui découvrent maintenant prétendument, la fausse route, dès le premier Mémorandum. «
Nous ne pouvions pas ... ne pas donner notre accord au Parlement, nous avions le pistolet braqué contre la tempe » (Ministre P.S. Papadémien Chrisochoidis – journal
Proto Thema 26/01/2012). Ayant parait-il déjà mangé toute notre feta blanche, nous attendons le fauve, piégés dans notre souricière, oui ou non ?
Comme par hasard, on découvre ces jours-ci, des centaines de milliers d'euros sur les comptes de certains fonctionnaires, appartenant à la justice ou à la santé par exemple. Serafin Fyndanidis, un journaliste très connu - presse écrite et télévision, fut arrêté pour dettes envers le Trésor Public, s'élevant à 150.000 euros, TVA non reversée. Il a aussitôt déclaré être au chômage depuis quatre ans, a choisi un avocat célèbre et a été relâché en attendant le jugement. «
Mais comment se fait-il que ses émissions se poursuivaient sur une chaine publique, et finalement, il y en a bien d'autres qui doivent davantage au fisc non ? », peut-on entendre dans les cafés, avant de passer à autre chose.
Deux décrets viennent de sortir ces derniers jours, selon le premier, être «
sans abri » devient désormais statut juridique, puis, seuls les organismes «
autorisés et reconnus » peuvent distribuer les repas gratuits, donc la philanthropie doit être également contrôlée. La semaine dernière, la police avait violemment interrompu la soupe populaire, organisée par une association anti-Mémorandum. Sur le coup, nous n'en avions pas bien saisi le signifiant. Cette même police, qui
dans un premier temps s'est déclarée
« non informée » des attaques des membres de l'organisation d'extrême droite Xrysi Avgi (« l'Aube en Or ») lorsque ces derniers ont tabassé des immigrés, les jetant hors des wagons, ainsi que tous ceux qui ont tenté de s’opposer à eux. Pour finalement intervenir
dans un second temps, à la station d'Omonia pour la même raison.
Dans la nuit du 27 janvier, un incendie a détruit sept bateaux (« luxueux » comme le précise la presse), amarrés au principal port de plaisance de l'agglomération athénienne, Alimos. Les pompiers pensent que l'origine de cet incendie est criminelle. Règlement de comptes, racket, ou sinon, cet acte serait en lien avec le fait que de nombreux plaisanciers sont sur le point de se voir saisir leurs bateaux pour dettes. D'autres ayant déclaré leurs yachts comme étant professionnels, évitant ainsi taxes et TVA. Certains se sont déjà faits épinglés.
En tout cas, il y a de cette fluidité partout comme dans du sable mouvant. Le sol granuleux de la méta-démocratie saturé par une eau très saumâtre remontant du sous-sol culturel. D'où l'énervement de tous contre tous, devenant un fait social total, tel un climat moral, donnant la tonalité de la vie collective (ou de la mort ?). Comme au centre ville d'Athènes lorsque l'incivilité d'un conducteur, ayant garé sa voiture en double file, fut immédiatement sanctionnée par les passants et les autres conducteurs, sans attendre la police de la route. Le conducteur d'un autre véhicule, un gros 4X4, interpellé déjà à Patras car il transportait des plaques en métaux précieux sans documents légaux, 490 kilos en tout, trésor obtenu, après avoir fait fondre les bijoux déposés et vendus à un de ces innombrables nouvelles boutiques, «
Or et Argent – dépôt – Vente – Expertise ». Le conducteur de ce véhicule s'apprêtait à prendre le ferry entre Patras et l'Italie en direction de l'Allemagne.
L'affaire n'est pas encore démêlée, ayant éclaté il y a trois mois.
Heureusement que notre vraie médaille d'argent est celle de l'équipe féminine de water-polo, devenue vice championne d'Europe, après l'Italie. C'était Samedi, lorsque les Italiennes sont devenues ainsi championnes à Eindhoven, en dominant les Grecques (13-10). Ce qui est nouveau pourtant, tient aux déclarations des athlètes: «
Nous comprenons que notre pays est dans une situation très difficile et il n'y a plus d'argent ... Peut-être que les gens se disent « le monde est en feu, nous ne pouvons pas nous intéresser aux problèmes de cette discipline sportive ». Cependant, c'est une honte parce que nous sommes des athlètes se sentant totalement seules dans cet effort et nous souhaitons une aide, disons certaine ... Il y en a assez, nous ne voulons plus les faux espoirs, c'est à dire, encore entendre les compliments des politiciens et puis rien, si c'est ainsi, ils feraient mieux de ne pas venir à l'aéroport pour nous accueillir ... Nous sommes fatiguées maintenant de toutes ces promesses vaines, de la bouche de tous ceux qui viennent après chaque succès nous féliciter, se faire photographier avec nous et puis disparaître ...» (
Alexandra Asimaki ).