Vers 13h, et après avoir couvert le monument du soldat inconnu d'un drapeau grec, certains manifestants ont aussitôt brûlé le drapeau de la Bundesrepublik Deutschland et celui du Reich nazi. Les deux ensemble. Action spontanée ? Provocation comme diraient certains ? De toute façon, le symbole à lui seul suffit, il passe si facilement. Ensuite, il y a eu les lacrymogènes, la bastonnade. Et pour en finir, de nouveau la pluie, sur ce pétard mouillé qu'est devenu notre vie politique. Pour l'instant. Une heure après, la photo d'un CRS grec piétinant (volontairement ?) un morceau du drapeau allemand brûlé ou alors d'un autre drapeau allemand, a aussitôt fait le tour de l'Internet grec, accompagné par l'instantané d'un autre CRS, venu ramasser ce qui restait de ce pauvre drapeau, « pour ne pas créer d'incident diplomatique avec l'Allemagn e», selon les commentaires. Donc déluge et feu ensemble. Comme ces dernières déclarations du couple Merkozien, sous forme d'ultimatum à la Grèce. Comme de l'empressement chez eux, pour aller vite, nous les comprenons. Plus longtemps nous résisterons ici, au petit coin du continent, meilleures alors seront les chances pour que les opinions publiques en Europe puissent enfin suivre du regard… le futur.
Donc nous sentons que nous allons quelque part. Personne ne sait où à vrai dire. Ni même la Troïka et encore moins les économistes. Sauf que les plans bancocrates existent, seulement, et indépendamment du protocole. Comme pour toute expérience, l'ensemble des effets disons pervers n'est peut pas être prévu. Les Papadémiens, n'en parlons plus. Une fois le carnaval terminé, ils seront rangés dans le placard de l'histoire, tout comme les masques. Ainsi les Troïkans s'apprêtent à administrer directement leur baronnie. Et qui sait, quoi d'autre encore ?
La situation ne sera pas prévisible je crois, car tout simplement, l'histoire ne l'a jamais été. De surcroit, dans une situation inédite : la faillite financière d'un État se trouvant, à l'intérieur d'un système monétaire certes d'occupation étrangère, mais dont certaines élites, bien locales, en profitent autant. Une monnaie qui ne tiendra pas apparemment, ou sinon comme offrande funéraire, dans le rituel de la mise à mort lente des peuples d'Europe.
Des citoyens contre des citoyens ?
Ces gens qui en 2010 encore, promenaient leurs enfants au jardin botanique, s'occupaient de leurs courses et de leurs loisirs, sans être les habitués des manifestations ou des grèves. Mardi soir à la télévision, au journal du soir (chaîne Ant1), le représentant syndicaliste des policiers s'est dit également préoccupé par autre chose : « Si on touche encore une fois à nos salaires, [pour] nous enlever par exemple encore cent euros, alors pour nous c'est la guerre ». Décidément la guerre est d'actualité partout. Ce mardi, en réunion d'urgence entre les représentants des ordres d'avocats, de ceux des médecins et également des architectes, il a été décidé « la mise en place de mesures d'urgence ». La première étant le boycottage des produits allemands : « un minimum afin de protester par les actes, du manque de solidarité de la part de l'Allemagne. La deuxième mesure, se résume en l'élaboration d'un plan de sortie de crise mais de manière réaliste, par une croissance retrouvée, seulement sur d'autres bases. » Mon ami Sakis l'instituteur a aussitôt ironisé : « Il fallait y penser bien avant espèce de bougres, maintenant que les médecins ont tous acheté des Mercedes, les avocats des BMW et les architectes ces deux marques à fois, le pays ne produit plus rien, ils n'ont plus de clientèle et ainsi ils souffrent aussi …. qu'ils aillent crever dans leurs bagnoles …. ! »
Mais il y a d'autres sujets d’actualité qui ne se prêtent pas à l'ironie. Lundi dans la journée, Panagiotis Lafazanis, député Syriza - formation de gauche, un parlementaire très apprécié pour son sérieux, a déclaré au micro d'une radio locale qu'au Nord du pays [« des réservistes viennent d'être mobilisés pour former des unités de la Garde nationale [appellation des formations par ce type de recrutement]. Ce qui étonne c'est que ces hommes reçoivent, selon nos informations, à la fois des instructions sur la gestion des intempéries, ce qui est normal puisque nous savons que cette région comme d'autres en Grèce en subissent trop en ce moment, mais ils reçoivent aussi des instructions sur la gestion des foules et des manifestations qui peuvent dégénérer. Je souligne que des fusils viennent d'être distribués à ces réservistes, alors va-t-on utiliser ces citoyens contre d'autres citoyens ? De quoi ont-ils alors peur, nos gouvernants ? »]urlblank:http://soundcloud.com/user3214926/e-volos-gr-marconi-radio-96-12
« Nous n’avons plus de vie sociale »
« Nous retournons aux années 1950 » disait Vangelis, mon cousin agriculteur, ce matin. Il vient de s'acheter d'occasion, un semoir en ligne, conventionnel, et il m'a demandé de lui traduire la notice. « Je l'ai acheté pour presque rien, si on compare son prix avec il y a peu de temps. Tout le monde brade tout... Je ne sais par contre même pas si je m'en servirais car il faut mettre du gasoil dans le tracteur... Nous ne sortons plus. Oublié le café du village, nous n'avons plus de vie sociale. Comme du temps des nos grands parents, nous attendons les mariages, les baptêmes et les enterrements pour se retrouver. Enfin… des mariages et des baptêmes, il n'y en a plus tellement, mais pour les enterrements ça y va ! Déjà que nous nous sommes retrouvés ainsi la semaine dernière, pauvre Aristide, emporté d'une crise cardiaque… Il a laissé une femme touchant la retraite agricole, et deux enfants au chômage… Donc lui au moins... ». Ensuite, nous avons fait le tour de la machine dans le hangar. De la mécanique en somme robuste, origine France, constructeur… 77130 Montereau. Allons-nous semer au moins un autre avenir pour nous et pour les autres peuples d’Europe ?
L’Europe n’a jamais été une affaire simple
Pendant que la Troïka menace prétendument de quitter Athènes, une deuxième bonne nouvelle nous vient enfin depuis l'Allemagne. Les syndicalistes de IG Metall, demandent au patronat des augmentations de 6,5 %, « pour que les travailleurs puissent en recevoir leur part dans la croissance économique, seulement Angela Merkel fait de la stagnation des salaires un principe de base de son orientation politique ». Mais mon cousin ne comprend pas trop bien pourquoi nous devons nous réjouir des revendications des mettalos Allemands. « Après tout, ils n'ont même pas fabriqué ma machine, t'as bien vu elle est française », a-t-il ajouté. Finalement l'Europe n'a jamais été une affaire simple. Sauf pour les bancocrates.
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