Qu'est-ce-qu'on rigole bien à Vingt mille lieues au dessus des dettes, c'est déjà cela d'acquis dans notre Europe. En effet, l'Europe existe certainement sans les banquiers et sans l'Union européenne, cette nouvelle prison des peuples et ses couloirs de la mort. Nous y sommes dans cette autre Europe, y compris nos amis Allemands, mais de l'Aufklärung précisément.
Un peu rêveurs ainsi, nous avons bu notre dernier café en survolant Corfou. Pas d'autre café, deux c'est assez, car la low cost facture tout à bord, comme le FMI sur terre. C'est la règle d'or, rien à dire sous le pilote automatique. Bientôt Athènes, ritorno al reale, remarque le retraité toscan, et je ne peux que confirmer. Nous avions laissé Paris dans sa frénésie des fêtes, la crise sous le tapis, selon les argumentaires de nos amis français, inquiets pour eux-mêmes et compatissants envers nous, propos en effet, maintes fois répétés.
Seule une anthropologue luxembourgeoise a exprimé de l'inquiétude quant aux licenciements possibles dans le secteur bancaire de son pays si nous, les cigales du sud de l'Europe, nous continuons dans le laxisme budgétaire, ayant de surcroit contaminer le Grand-Duché par nos bons du trésor, dignes des papiers russes d'autrefois. « Mademoiselle, chez nous, la moitié de la population active est au chômage, donc ce supposé déclin des banques, c'est le cadet de mes soucis, à ce propos, saluez-les solennellement de notre part, ainsi que vos sympathiques vaches …! »
Survol de Salamine désormais en basse altitude, puis demi-tour sur la mer Égée en vue de l'approche d'atterrissage. Un soleil radieux ce matin, nos Cyclades se baignant à 20 degrés Celsius. C'est aussi pour cette raison que Noël ne devrait pas signifier grande chose en terre d'Artémis. Entre temps, et, ayant lu le dernier papier sur Habermas (« Merci Monsieur Habermas » par Eric Conan dans Marianne 10-16/12), je préfère toujours Castoriadis. L'Europe des Lumières en somme, tu l'aimes et tu ne la quittes plus jamais !