Grèce: la télé publique sur le trottoir
C'est une photo de Mario Lolos, prise jeudi soir sur le trottoir qui fait face au bâtiment de la télévision publique grecque gardée par les forces anti-émeutes. C'est là que les journalistes ont présenté le journal télévisé de 21 heures, avec des moyens de fortune. Les émetteurs ayant également été coupés par le pouvoir, le journal a été diffusé par Internet et aurait été regardé par environ 1,2 million de personnes.
La photo nous a été transmise par une de nos lectrices, Anastassia Tsoukala. Jeudi matin à l'aube, des dizaines de policiers anti-émeute ont entrepris d'évacuer le bâtiment de l'audiovisuel public ERT, occupé depuis le 11 juin lorsque le premier ministre conservateur Samaras décidait brutalement et sans concertation de fermer l'audiovisuel public et de licencier ses 2.700 employés pour se plier aux exigences des plans d'aide accordés par la Troïka. Ce choix avait déclenché une vague d'indignation en Grèce mais aussi en Europe.
Par solidarité, Mediapart avait organisé le 18 juin une grande soirée pour la défense du service public d'information. Cette intervention policière intervient alors qu'une délégation de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), chargée de vérifier la mise en place des réformes promises aux créanciers du pays, est justement à Athènes.
Jeudi matin, plusieurs responsables syndicaux de l'ERT et des journalistes ont été arrêtés lors de l'évacuation du bâtiment. Depuis juin, quelques dizaines de techniciens et journalistes continuaient à assurer une programmation en diffusant sur Internet les contenus de la télé publique. Le gouvernement entend désormais récupérer les locaux pour y installer la «nouvelle télévision» qu'il a mis en place depuis cet été, en reprenant quelques centaines d'employés de l'ancien ERT. «C'est comme ça que le fascisme fonctionne, sournoisement et dans la nuit», a déclaré Adrianna Bili, une ancienne employée, chassée du bâtiment, citée par l'AFP. Un porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, a évoqué une «occupation illégale», expliquant que la police était intervenue pour «faire respecter la loi».
Ci-dessous, une vidéo de l'évacuation de jeudi: ici
Ci-dessous, retrouvez la vidéo intégrale de notre soirée de solidarité avec la Grèce (et ici l'article):