Source : www.humanite.fr
Le ciel parisien n’était pas bleu grec hier. Pourtant, il n’était question que de couleur hellène, du changement politique, avec l’avènement du gouvernement d’Alexis Tsipras, et du chantage auquel se livre depuis la Banque centrale européenne (BCE), lors de la manifestation qui a réuni près de cinq mille personnes dans la capitale. Sur le monument aux morts de la place de la République, encore noyé par les témoignages d’affection à l’égard des journalistes assassinés de Charlie Hebdo, des militants de la fédération du PCF de Paris ont déployé une banderole : « Je rêve d’une banque qui aide la Grèce. Je rêve d’une banque qui occupe la banque ! » La manifestation démarre. « Je tenais à soutenir le peuple grec mais aussi à dénoncer l’austérité qui conduit ce pays et l’Europe à la catastrophe. Alexis Tsipras se bat avec son peuple. En France aussi, nous avons besoin de lutter. Si on laissait faire Hollande, il nous baisserait nos salaires », déclare Françoise, une retraitée contrainte de travailler pour subsister. Même ton de colère dans la bouche de Pascal, qui charge contre « ces dirigeants de la troïka (BCE, Commission européenne et FMI) qui ne sont pas élus et qui veulent mettre au pas les Grecs ». Il flottait hier le souvenir de 2005, lorsque les citoyens français s’étaient prononcés de manière souveraine contre le traité constitutionnel européen, ce que le Congrès de Versailles a bafoué.
Des mobilisations européennes alors que l’Eurogroupe se réunit à Bruxelles
L’esprit du cortège parisien, où étaient présents de nombreux militants associatifs et politiques de la gauche dont Clémentine Autain, Pierre Laurent ou encore Jean-Luc Mélenchon, était en communion avec la semaine de mobilisations qui a eu lieu en Europe, à l’appel du Parti de la gauche européenne (PGE) et de collectifs unitaires comme Avec les Grecs en France. On a manifesté à Athènes, bien sûr, mais également à Berlin, Vienne, Madrid, Lisbonne, Bruxelles ou encore à Rome, où plus de 20 000 personnes ont défilé samedi. « Il y a eu plus de cinquante-cinq manifestations. Le peuple de la gauche italienne était présent avec la CGIL, le plus grand syndicat. Il y avait même des représentants d’une minorité du Parti démocratique. Il s’agit d’une question de solidarité mais aussi de soutien à un changement de modèle », témoigne Anna Camposampiero, du Parti de la refondation communiste. Et c’est bien ce qui effraie en haut lieu, à en juger par les déclarations de Pierre Moscovici, hier, au micro d’Europe 1. « Il y a un nouveau gouvernement et, c’est naturel, il veut apporter des changements politiques et répondre à un certain nombre d’inégalités ou de situations sociales qu’il ressent. De l’autre côté, il y a des engagements qui ont été pris, non pas par le précédent gouvernement, mais par l’État grec », a osé le commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Une posture d’intransigeance qui tranche aussi avec l’appel de cinquante députés et europarlementaires socialistes qui estiment que « la place de la France est aux côtés de la Grèce ». Pour Pierre Laurent, le président du PGE, les propos de Pierre Moscovici « font fi, une nouvelle fois, du vote du peuple grec ». « Contrairement à cet ultimatum, la Commission européenne doit négocier avec le gouvernement grec. C’est lui qui est légitime », ajoute-t-il, alors que se tient à partir d’aujourd’hui l’Eurogroupe à Bruxelles. Il est déjà question d’une nouvelle mobilisation pour le 28 février, date à laquelle devrait entrer en vigueur le nouveau plan d’austérité convenu avec Samaras, l’ancien chef de l’exécutif grec ! Encore une fois, il ne s’agit pas que d’un face-à-face entre les hommes en noir des institutions et les « sans cravates » du gouvernement d’Alexis Tsipras.
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