Actualutte - octobre 25, 2011
Par Fedele Mendicino sur TDG
Une trentaine de tentes sont installés depuis une semaine au parc des Bastions. Rencontres.
Un bon sac de couchage, des tentes étanches, un grand feu de bois et un moral d’acier. C’est ainsi que les «indignés» résistent aux nuits froides d’automne. Une semaine après la venue des premiers campeurs, les tentes ont poussé comme des champignons au parc des Bastions. Le mouvement des «indignés» genevois qui ont répondu à l’appel mondial à la mobilisation du 15 octobre dernier ne mollit pas. Sous le regard austère des Réformateurs se tient un bien curieux ballet. Une trentaine de tentes parfois décorées avec des drapeaux tibétains, irakiens et palestiniens. Un va-et-vient joyeux de chiens sans laisse qui slaloment entre des bidons d’eau potable, le garde-manger et le grand tipi. Sous les marronniers, un stand d’informations prend forme afin de satisfaire la curiosité des promeneurs. Les journées sont ainsi rythmées par les assemblées générales et autres ateliers de discussion pour «refaire le monde»: «Jusqu’à maintenant, on a beaucoup parlé de l’organisation du camp, admet André, 33 ans, ébéniste. Quand nous aurons inventorié les problématiques majeures, nous pourrons faire des propositions. Universelles. Elles devront concerner aussi bien vous et moi que la retraitée qui vit mal avec son AVS ou le type endetté qui se fait virer de son logement.»
Rompu à la visite des médias, Ersin, étudiant en relations internationales de 23 ans, anticipe les questions: «Bien sûr, nous avons des opinions politiques et des idées sur l’actualité, mais nous sommes dans une sorte de laboratoire d’idées. Nous prendrons ensuite des positions après un consensus. Sans chef ni porte-parole.» Inutile donc de leur proposer un débat sur la mort de Kadhafi ou sur les élections fédérales. Il est également vain de leur demander d’estimer la durée de vie de leur campement, toléré par les autorités. «Nous verrons», sourit Ramsay, 23 ans. Cet ex-courtier aux cheveux gominés a travaillé dans la finance. Il en est revenu: «Les gouvernements doivent comprendre qu’il ne suffit pas de mettre des sparadraps sur des plaies. Il faut soigner le mal à la racine. Et notre mouvement mondial peut y contribuer.» Ersin en est sûr: «Même les banquiers se rendent compte qu’il y a un problème, que le système actuel n’est pas viable.»
Versoisien de 18 ans, Simon travaille à la Voirie: «Je dors ici depuis lundi et je me lève chaque jour pour aller bosser à 6 h.» On l’a compris: les «indignés», punks, alternatifs, étudiants, employés ou fonctionnaires, tiennent à montrer qu’ils sont venus ici par choix et non par désœuvrement. Pour vivre ensemble. Mais avec des règles. Exemple? A l’entrée du tipi, un panneau interdit «alcool et cigarettes aromatisées». Et l’extinction des feux est fixée à 23h59!
commenter cet article …