LEMONDE.FR avec AFP | 27.01.12 | 12h13 • Mis à jour le 27.01.12 | 12h21
Le gouvernement a reconnu ne pas avoir noté les discussions de quatre organes d'urgence.AFP/HO
Pas moins de cinq comités de crise constitués pour faire face à la triple catastrophe naturelle et nucléaire du 11 mars au Japon n'ont gardé aucun compte rendu officiel de leurs réunions, a admis vendredi 27 janvier un fonctionnaire de l'Etat. Plus tôt cette semaine, le gouvernement avait avoué que la cellule spéciale réunie autour du premier ministre de l'époque, Naoto Kan, pour gérer l'accident atomique de Fukushima n'avait gardé aucune trace des discussions tenues lors de ses réunions, ce qui a déclenché des interrogations sur les autres commissions ad hoc.
Le gouvernement a ainsi reconnu ne pas avoir non plus les discussions de quatre autres organes d'urgence, renforçant ainsi l'image d'une gestion brouillonne du désastre déclenché par le séisme et le tsunami survenu le 11 mars dans le nord-est de l'archipel, la pire crise connue par le Japon depuis la deuxième guerre mondiale. Trois des comités n'ont pas même établi de brefs résumés de leurs entretiens, tandis que deux autres groupes de travail n'ont noté que partiellement le contenu des rendez-vous.
"GROTESQUE"
Face à ce constat dont l'actuel gouvernement n'est pas responsable, puisque la plupart des membres ont changé entre-temps, le vice-premier ministre en exercice, Katsuya Okada, a ordonné de recréer d'ici à la fin février des résumés des rencontres à partir de témoignages. L'absence de documents officiels sur ces réunions est qualifié de "grotesque" par Kazuhiro Hayakawa, professeur agrégé de droit administratif, et relève même selon lui d'une violation de l'obligation légale de tenir des minutes. "Peu importe la situation d'urgence et l'obligation d'aller vite, il est absurde que n'aient pas été établis de comptes rendus", a-t-il souligné.
"Je doute que cela ait été intentionnel de la part du gouvernement, mais je suppose que les fonctionnaires n'ont pas reçu clairement l'ordre de créer ces documents", a-t-il précisé, regrettant que cette erreur prive les experts de la possibilité d'étudier ce qui s'est exactement passé immédiatement après la catastrophe naturelle qui a fait plus de 19 000 morts et l'accident de Fukushima qui a forcé à évacuer une centaine de milliers de personnes.
Cette énorme maladresse est pain bénit pour l'opposition conservatrice qui y voit la preuve de l'inexpérience du Parti démocrate du Japon (PDJ), formation de centre gauche relativement jeune et arrivée au pouvoir en septembre 2009 après plus d'un demi-siècle de domination de la droite.