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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 16:15

Par Pascal Riché | Rue89 | 24/08/2011 | 17H54

A écouter François Fillon, mais aussi François Hollande, Martine Aubry, Jean-Louis Borloo ou Manuel Valls, la rigueur serait presque bonne pour la croissance ; elle n'est en tout cas pas incompatible avec cette dernière.

Fini les hommes politiques qui se tortillent avant de prononcer le mot tabou : ils semblent désormais heureux de promettre du sang et des larmes. Goûtez ma délicieuse huile de ricin ! Venez par ici, la mienne est plus imbuvable que la leur !

Les nouvelles mesures de Fillon

Mercredi à 18 heures, le Premier ministre s'apprête à annoncer 4 milliards d'euros de recettes et d'économies supplémentaires pour cette année et 10 milliards l'an prochain : réduction des exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires ; création d'une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, etc.

L'objectif est de ramener le déficit public à 5,7% du PIB dès cette année.

La plupart des économistes pourtant, déconseillent ce remède de la rigueur en période de basses eaux conjoncturelles.

Le plus sage, suggèrent-ils, est d'être coulant sur les dépenses et les impôts quand la croissance est faible, quitte à être très rigoureux quand la croissance revient. C'est assez simple à comprendre :

  1. les difficultés budgétaires viennent d'une faible croissance (moins de recettes fiscales, plus de dépenses sociales) ;

  2. si vous coupez les dépenses ou si vous relevez les impôts, vous grevez le pouvoir d'achat, et donc vous contribuez à anémier cette croissance faiblarde ;

  3. du même coup, vous aggravez les déséquilibres budgétaires en voulant les combattre…

Une étude du FMI sur dix-sept pays industrialisés, portant sur la période 1978-2009, montre que lorsqu'on réduit le déficit d'un 1% du PIB, cela a l'année suivante un impact négatif de 0,62% sur la production, et de 0,32% sur le chômage. Ce sont des chiffres prudents : d'autres économistes aboutissent à des résultats parfois plus spectaculaires.

Les gouvernements semblent aujourd'hui estimer que les lois économiques ont changé. La situation serait si grave que désormais, la rigueur serait bonne pour l'économie. Elle « rassurerait les marchés », selon l'expression consacrée de ceux qui font la danse du ventre devant les agences de notation. Et ces marchés accorderaient alors des taux d'intérêt plus cléments aux Etats endettés… La rigueur serait le début d'un cercle vertueux.

Tout le monde semble croire désormais à cette théorie : de François Fillon à Barack Obama (« Nous devons couper les dépenses pour donner à notre business la confiance dont il a besoin pour croître et créer des emplois ») en passant par le super-austère David Cameron ou Angela Merkel.

Et bien sûr Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, qui professe depuis des années ce prétendu enchaînement vertueux rigueur-confiance-croissance. Dans un document de travail, la BCE explique ainsi : « Une contraction budgétaire peut s'avérer favorable à la croissance si les attentes sont suffisamment fortes. »

Que dit l'histoire ?

Cette belle théorie est intéressante, mais a-t-elle déjà fonctionné ? L'hebdomadaire The Economist, qui ne passe pas pour être très excentrique, s'est récemment penché sur la question, mais est revenu bredouille ou presque. Lorsque l'austérité coïncide avec l'expansion, c'est souvent parce que la seconde permet la première. Ou qu'une belle dévaluation a boosté les exportations…

Il y a bien un cas où un programme de rigueur a attisé la confiance, la baisse des taux et du même coup la croissance : le Danemark dans les années 1980. Faut-il prendre le risque d'une politique économique aventureuse sur la base d'un modèle danois de plus de vingt ans d'âge ?

Un piège collectif

Le plus inquiétant, dans cette affaire, c'est que les Européens semblent se précipiter ensemble dans le piège. Même Christine Lagarde, nouvelle directrice générale du FMI, s'en inquiète. Elle s'est fendue d'un article dans le Financial Times pour le dire : « Ne freinez pas trop vite ! ».

On aurait pu imaginer que les pays les plus menacés par les marchés (Grèce, Italie, Portugal, Irlande…) se lancent dans des programme de rigueur budgétaire, pendant que ceux dont les « AAA » sont en béton lâchent un peu de lest…

Une telle stratégie coopérative n'a pas été retenue : tournée d'huile de ricin pour tout le monde ! Et le risque est que l'Europe s'embourbe collectivement dans la « croissance molle », celle qui ne résout aucun de nos problèmes : ni le chômage, ni la précarité, ni le logement. Ni, bien sûr, le déséquilibre des comptes publics…

Des déséquilibres financiers qui ne sont pas les problèmes les plus urgents. La dette publique est une question grave, mais c'est un problème à moyen terme, qui doit être traité par une stratégie de moyen terme.

La course européenne à l'échalote-rigueur, dans laquelle la majorité mais aussi les principaux candidats socialistes (à l'exception de Royal) se sont engouffrés, n'apportera rien de bon à l'économie. « Rétablir la confiance », ce n'est pas seulement faire baisser les taux
d'intérêt sur les marchés financiers : c'est avant tout inverser la
courbe du chômage.

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