Le Monde.fr avec AFP | 28.12.2012 à 20h40
L'affaire de la liste dite "Lagarde" d'exilés fiscaux en Suisse, qui agite la Grèce depuis des mois, a rebondi vendredi 28 décembre avec la révélation du fait qu'en avaient été rayés les noms de proches d'un ex-ministre.
A l'issue d'une journée marquée par des fuites judiciaires et politiques, le parti socialiste, le Pasok, partenaire de l'alliance gouvernementale droite-gauche au pouvoir, a directement mis en cause l'ex-ministre socialiste des finances Georges Papaconstantinou, artisan du premier plan de rigueur dicté par l'Union européenne et le FMI. Dans un communiqué annonçant son expulsion du parti, le Pasok a invoqué de "clairs indices découlant d'une enquête du parquet" selon lesquels les noms effacés étaient ceux de "parents" de cet ex-ministre.
2 063 DÉTENTEURS GRECS DE COMPTES EN SUISSE
M. Papaconstantinou, ministre des finances d'octobre 2009 à juin 2011, venait pourtant de "catégoriquement" démentir avoir trafiqué la liste, qui lui avait été remise personnellement en 2010 par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, alors son homologue française. Il a aussi nié savoir que les noms de proches y figuraient. Il s'agit, selon les médias, de deux cousines, filles d'un autre ex-ministre (un conservateur aujourd'hui défunt), et de leur mari.
Le dossier a été transmis par le parquet de la Cour de cassation au Parlement en vue d'éventuelles poursuites de responsables politiques. Un haut responsable de la justice avait auparavant révélé sous couvert de l'anonymat la manipulation de la liste, recensant jusqu'en 2007 un total de 2 063 détenteurs grecs de comptes auprès de la filiale suisse de HSBC.
L'ORIGINAL ET LA COPIE
La justice a recoupé le premier document, qui lui avait été remis en octobre via le Pasok, avec une nouvelle copie, récemment fournie par Paris à la demande de l'actuel ministre des finances, Yannis Stournaras. L'existence de la "liste Lagarde" n'avait en effet été révélée que par la presse, en octobre, plongeant dans l'embarras une classe politique soupçonnée d'omerta.
Après plusieurs jours de confusion, M. Papaconstantinou avait admis ignorer où se trouvait l'original, tandis que son successeur au ministère et actuel dirigeant du Pasok, Evangélos Venizélos, avait fini par en produire une copie. La justice grecque avait par ailleurs suscité un tollé en poursuivant un journaliste pour avoir publié des noms issus selon lui de cette liste.