Le Monde.fr | 09.05.2012 à 16h11 • Mis à jour le 09.05.2012 à 16h47
Par Aurélie Collas
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Publier un décret controversé au lendemain d'une élection présidentielle qui a vu la droite échouer ? Luc Chatel, encore ministre de l'éducation nationale pour quelques jours, l'a fait ! Mercredi 8 mai, il a fait paraître au Journal officiel sa très décriée réforme de l'évaluation des enseignants, qui vise à confier cette mission au chef d'établissement - en lieu et place de l'inspecteur d'académie -, et ce dès la rentrée de septembre. Ce sont aussi les chefs d'établissement qui détermineront l'avancement de carrière des professeurs.
Lire "Le quinquennat Sarkozy a divisé profs et chefs d'établissement" (zone abonnés)
Réforme publiée... aussitôt recalée. Dans un communiqué envoyé le 9 mai au matin, Vincent Peillon, conseiller "éducation" durant la campagne de François Hollande et pressenti pour succéder à Luc Chatel, annonce que "le texte sera abrogé dès la prise de fonction de François Hollande et la mise en place du nouveau gouvernement ". Autrement dit, à partir du 15 mai.
Voilà de quoi réconforter l'ensemble des syndicats de l'éducation qui, depuis la publication du texte, crie au "passage en force". "Le fait de sortir un décret une fois l'élection passée, quand on sait que le nouveau gouvernement ne souhaite pas l'appliquer, ce n'est pas républicain !, s'insurge Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT. Cela consiste à déposer des mines sur le parcours du nouveau gouvernement !"
"ULTIME PROVOCATION"
"Faire paraître ce décret alors que l'élection a eu lieu, c'est une ultime provocation, dénonce de son côté Christian Chevalier, du SE-UNSA. Le dialogue social n'a vraiment pas fonctionné sur ce dossier."
C'est peu de le dire. Depuis la révélation, en novembre 2011, d'un premier projet de décret sur l'évaluation des enseignants, les mobilisations se sont succédé. Une grève le 15 décembre 2011, une autre le 31 janvier. En mars, un second projet de réforme - quasiment identique au premier - a été rejeté par l'ensemble des syndicats d'enseignants. Le ministère a maintenu malgré tout le projet tel quel.
Le décret publié le 8 mai supprime la "double notation" des enseignants : la note "administrative" - attribuée par le chef d'établissement sur des critères comme la ponctualité, l'assiduité et la prise d'initiatives - et la note "pédagogique", la plus importante pour la carrière, donnée par l'inspecteur après sa visite en classe. Dans la nouvelle organisation, c'est le chef d'établissement qui endosse le rôle d'évaluateur. Il doit mener, tous les trois ans, un "entretien professionnel" pour chaque enseignant. Le décret modifie aussi l'avancement de la carrière des professeurs.
La question de l'évaluation des enseignants sera évidemment soulevée par le prochain gouvernement. "C'est une question qui devra s'inscrire dans un dialogue global sur l'évolution du métier d'enseignant : ses missions, sa formation, son temps de travail, son mode d'évaluation...", prévient Christian Chevalier. Ce "dialogue global" pourrait démarrer dès l'été.
Aurélie Collas