LEMONDE.FR avec AFP | 11.11.11 | 15h07 • Mis à jour le 11.11.11 | 15h32
Pour Eva Joly, le 11-Novembre ne devrait plus célébrer la victoire de la France sur l'Allemagne. La candidate écologiste à la présidentielle souhaiterait que l'anniversaire de l'armistice de la première guerre mondiale devienne une "journée européenne pour la paix". Mme Joly s'exprimait, en ce vendredi 11 novembre 2011, devant le Mur de la Paix à Paris où elle rendait hommage aux mutins de 1917.
"Je voudrais (...) que nous arrêtions de penser que c'est l'Allemagne qui a perdu la guerre, que c'est la France qui l'a gagnée, et que nous nous concentrions sur l'essentiel, l'espoir européen", a dit l'ancienne magistrate. "Au-delà des réfractaires à la guerre, des dizaines de millions de victimes de cette guerre appartiennent dans l'immense majorité au peuple européen", a-t-elle estimé.
"CONSIDÉRÉS COMME DES TRAÎTRES À LA PATRIE"
Entourée d'élus écologistes français et européens, Eva Joly a déposé une gerbe pour rendre hommage aux mutins de 1917. Ces soldats qui avaient refusé d'aller au combat, furent, les uns fusillés "pour l'exemple", les autres renvoyés sur le champ de bataille.
"Notre manifestation n'est pas contre les autres victimes de la Grande Guerre", a prévenu Mme Joly, en expliquant souhaiter "simplement" saluer la mémoire de "ceux qui ont été injustement exclus, considérés comme des traîtres à la patrie, alors qu'ils n'en pouvaient plus".
Mme Joly a salué au sujet des mutins "la parole historique et courageuse" de l'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin en 1998, qui avait demandé à ce que "ces soldats, désignés pour l'exemple, réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale". Ces propos avaient à l'époque créé une polémique importante, l'ancien président Jacques Chirac les qualifiant "d'inopportuns". Le 11 novembre 2008, Nicolas Sarkozy a affirmé à Douaumont (Meuse) que les fusillés pour l'exemple de 14-18 "ne s'étaient pas déshonorés", mais furent eux "aussi les victimes d'une fatalité qui dévora tant d'hommes" pendant la Grande Guerre.
En juillet, alors tout juste désignée candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, Mme Joly avait souhaité que le traditionnel défilé militaire soit supprimé au profit d'un "défilé citoyen". Cette sortie avait valu à Mme Joly une volée de bois vert de la majorité. En particulier, le premier ministre, François Fillon, avait accusé "cette dame" franco-norvégienne, de ne pas avoir une "culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises et de l'hitoire française".